INCENDIE AUX LENTILLÈRES :
LA MAIRIE TENTE D'EN PROFITER
FAISONS FACE !
Suite à l'incendie survenu mercredi matin aux Lentillères et à son
instrumentalisation politique par la Mairie, nous appelons à un
RASSEMBLEMENT, ce samedi 8 février, 16h, place du Bareuzai
Un incendie s'est déclaré mercredi matin au Quartier Libre des
Lentillères. C'est un habitat où vivaient deux personnes qui a pris feu,
et ni les tentatives des habitants pour éteindre l'incendie, ni celles
des pompiers qu'ils ont appelés immédiatement, n'ont pu en venir à bout.
Heureusement, personne n'a été blessé dans l'accident, mais les
conséquences matérielles sont nombreuses. Deux personnes ont perdu leur
maison et toutes leurs affaires, une autre maison a été endommagée, et,
surtout, l'électricité a été coupée par la Mairie sur une partie
importante du quartier, laissant une trentaine de personnes sans lumière
ni chauffage en plein hiver. Nous, habitant∙es et usager∙es du quartier,
nous affairons actuellement à déblayer, à reconstruire, et à faire en
sorte que les personnes les plus touchées par l'incendie retrouvent un
peu de confort. C'est ce moment dramatique que la mairie a choisi pour
attaquer le quartier libre des Lentillères. Dans une telle situation, on
attendrait des élu·es qu'ils et elles affichent tout leur soutien aux
personnes sinistrées, et non pas que soit publié un communiqué truffé de
mensonges, déformant la réalité de la vie aux Lentillères et menaçant
ses habitant∙es.
Comment la mairie a-t-elle pu écrire un tel communiqué ? M. Hoareau,
premier adjoint au maire, est venu constater les dégâts et a choisi de
décrire les Lentillères comme un endroit où des gens dormiraient à même
le sol dans des conditions inhumaines, où des militant∙es
maintiendraient des personnes "hébergées" sous leur emprise, les
empêchant d'accéder aux solutions que leur apporteraient les
travailleur·euses sociaux et l'État. Ses propos ont profondément choqué
les usager∙ères et les habitant∙es du quartier ainsi que leurs soutiens.
Nous souhaitons dénoncer la récupération politique que la mairie fait de
cet accident dramatique et rétablir la vérité.
Au quartier libre des Lentillères, on a choisi l'ouverture et la
solidarité. Ici comme ailleurs, il y a des formes de précarité, ça ne
veut pas dire qu'on dort à même le sol - parce que la société produit
bien plus de lits qu'il n'en faut, donc ce n'est pas un souci d'en
trouver! Personne n'est payé pour faire vivre cette solidarité et
pourtant on arrive à des choses extraordinaires, des marchés foisonnants
à prix libre, des constructions respectueuses de l'environnement, des
fêtes rayonnantes, grâce à de l'ingéniosité, de la débrouillardise et de
la générosité. L'autre pendant de l'ouverture et de la solidarité, c'est
que si le monde va mal et que la vie se durcit, que l'État coupe
toujours plus dans les aides sociales, qu'il refuse de donner des droits
aux personnes exilées en ouvrant des CRA* plutôt que des CADA**, ça nous
impacte directement, parce qu'ici on essaie de compenser les
défaillances des institutions en accompagnant des gens qui ne rentrent
dans aucune case.
On voit bien que cela a dérouté M. Hoareau d'être face aux difficultés
de vie que rencontre une partie de la population. Nous aussi, ça nous
révolte. Mais les gens qui vivent à même le sol en plein hiver ne sont
pas à chercher aux Lentillères mais plutôt dans les rues de la ville. Si
des personnes décident d'habiter dans ce quartier plutôt que de vivre à
la rue, c'est parce qu'elles y trouvent de la solidarité mais aussi
parce qu'il n'y a pas de place au 115 ou dans les CADA. Les structures
d'État sont insuffisantes et dirigées par des politiques racistes qui
marginalisent les gens. Pour autant, c'est complètement hors sol
d'imaginer que nous refuserions d'être en lien avec les acteurs sociaux
: la SDAT tient des permanences tous les mois au quartier, SOS
refoulement renvoie des personnes ici quand elles n'obtiennent pas les
logements auxquels elles auraient droit, ELIPSES propose des parcours de
soin... Que le 1er adjoint déplore ces conditions de vie c'est une
chose, mais qu'il ordonne ensuite de couper l'électricité à 35 personnes
en plein mois de janvier parce que le lieu serait "trop précaire", c'est
cynique, indigne et choquant.
Il y a des personnes qui ont choisi de vivre au quartier et d'autres
pour qui c'est la seule solution de logement, mais les évacuer, loin de
résoudre leurs problèmes, les précariseraient encore plus. Avant de
présumer d'une "emprise" de la part de certain.es occupant·es des
Lentillères sur les habitant∙es les plus précaires, il s'agirait de les
écouter et de prendre en compte leurs besoins. La marie affirme avoir
fait des propositions de relogement aux personnes impactées par
l'incendie. Cela se résume en fait à une ou deux nuits d'hôtel. Plutôt
que d'accepter cette fausse solution, nos amis ont donc choisi de rester
aux Lentillères, s'en remettant à la solidarité de leurs voisin∙es.
Soulignons un dernier raccourci stigmatisant : un incendie dans un
bâtiment auto-construit aux Lentillères ne signifie pas systématiquement
que "les conditions de sécurité des personnes et des biens ne sont
nullement respectées" comme l'affirme également la mairie. Des incendies
ont lieu régulièrement, dans tous types d'habitats (par exemple, ce
samedi dans un immeuble Place de la République à Dijon). N'en déplaise à
l'adjoint à la maire et à un des policiers, les pompiers ont confirmé
qu'ils ne pouvaient pas identifier l'origine du feu, comme pour la
plupart des incendies accidentels. C'est une instrumentalisation
honteuse d'un incident dramatique.
Depuis 2019, nous affirmons notre volonté de régulariser les lieux et de
continuer la mise aux normes des bâtiments. Des électriciens de la
mairie étaient d'ailleurs venus, à l'automne 2023, visiter les
installations électriques du quartier, qui ne les avaient alors pas
effrayés. Nous regrettons que ce travail de mise aux normes et de
régularisation ait été subitement interrompu en janvier 2024 par M.
Rebsamen. Nous espérons toujours reprendre le dialogue, sur la base des
cinq dimensions qu'offrent les Lentillères et qu'avait reconnu la mairie
(la fonction sociale, celle de protection et valorisation de la
biodiversité, le maraîchage, l'habitat, et la dimension culturelle).
Chaque 1er dimanche du mois, ont lieu les visites mensuelles du Quartier
Libre des Lentillères. Nous espérons que les personnes qui souhaitent
aller au-delà des propos et photographies sensationnalistes de la presse
et de la Mairie viendront profiter de ce moment de découverte et
d'échange. Elles pourront voir par elles-mêmes comment nous tentons,
avec des moyens financiers limités, mais gonflés par la solidarité
dijonnaise, et le soutien des autres lieux alternatifs et de lutte, de
faire vivre un lieu ouvert de maraîchage et de diversité sociale. La
prochaine visite aura lieu le dimanche 2 mars, à 15h, à la Maison
Commune.
Suite aux attaques et aux mensonges proférés par la Mairie, nous
appelons nos soutiens et toutes les personnes pour qui le quartier des
Lentillères est un lieu de solidarité et d'entraide précieux pour la
ville, à nous rejoindre à un rassemblement place du Bareuzai samedi 8
février à 16h!
Le Quartier Libre des Lentillères
contact presse: quartier-lentilleres(a)potager.org
février 2025
_*CRA= centre de rétention pour personne migrante, en situation
régulière ou non_
_**CADA= centres d'accueil qui ont pour mission d'héberger et
d'accompagner socialement et administrativement les demandeurs d'asile
admis au séjour._
_***SDAT= association dijonnaise indépendante d'accompagnement de
personnes en situation précaire_
_****ELIPSES= Equipe mobile rattachée à la Chartreuse intervenant de
manière transversale auprès des personnes précarisées présentant des
troubles psychiatriques._