NON à
une réforme de
l’OMC, OUI à des
négociations
multilatérales hors
OMC pour créer un
cadre de commerce
international fondé
sur la souveraineté
alimentaire
Vous nous
invitez à participer à
un conseil pour «
réformer l’OMC ». Mais
la souveraineté
alimentaire ne pourra
jamais être réalisée
par l’OMC dont l’objet
même, la
mondialisation du
commerce international
et l’accentuation du «
libre-échange », est
contraire à la
souveraineté
alimentaire. Ainsi,
nous sommes dans
l’obligation de
refuser cette
invitation. Sur la
base d’informations
recueillies auprès de
multiples sources, La
Via Campesina a
compris que même au
sein de l’OMC, la
création unilatérale
de tels organes par la
directrice
générale (DG) se
heurte à une certaine
résistance, en
particulier de la part
des pays en
développement. Il
semble que cette
initiative de la DG
soit motivée par des
groupes d’entreprises
qui ont manifestement
intérêt à ce qu’un
conseil consultatif «
business » soit
créé. Par conséquent,
il semble que la
création d’un conseil
des OSC ne soit qu’un
geste
superficiel. Nous la
rejetons fermement !
La dernière
fois que vous nous
avez invités dans les
discussions de
l’OMC (et que nous
avions refusé) était
en 2005, suite à
l’échec des
négociations à Hong
Kong, face à une crise
existentielle de votre
organisation qui
depuis ne s’est jamais
résorbée. Cette crise
atteint aujourd’hui un
paroxysme. Vous tentez
de sauver votre
organisation en
lançant un énième
processus de réforme,
mais sans jamais
remettre en cause ce
qui au fond constitue
la philosophie même de
l’OMC et la raison de
votre
échec. L’agriculture
reste encore et
toujours votre « talon
d’Achille ».
Nous, les
paysannes et les
paysans du monde, nous
ne voulons pas
négocier avec
l’OMC. Nous voulons
l’abrogation de
l’Accord sur
l’Agriculture et nous
voulons que l’OMC nous
laisse
tranquilles. Nous
voulons que l’OMC
sorte de
l’agriculture.
L’OMC va
mourir. Votre
organisation a prouvé
non seulement qu’elle
est inutile, mais
surtout qu’elle est
nuisible. Face aux
immenses défis
auxquels l’humanité
est confrontée la faim
dans le monde, la
crise climatique, les
guerres, l’inflation,
les inégalités
sociales,
l’effondrement de la
biodiversité, les
pandémies… Les
réponses que vous
proposez ne font
qu’aggraver les
crises.
De plus en
plus, des
États prennent
conscience qu’aucune
solution ne sera
trouvée avec les
institutions qui ont
été les chevaux de
Troie du
néolibéralisme
occidental, l’OMC, le
FMI et la Banque
Mondiale, car ce sont
ces institutions qui
ont mené au désastre
actuel. Cependant, ces
Etats n’ont pas encore
trouvé les moyens de
mettre en place des
institutions
alternatives pour
répondre à leurs
besoins. « Le vieux
monde se meurt, le
nouveau monde tarde à
apparaître… »
Nous comprenons
parfaitement le besoin
pour les États de ne
pas être exclus de la
possibilité de
participer au commerce
international. La
situation des États
qui subissent des
sanctions unilatérales
injustes les excluant
de tout commerce
international montre
assez bien
l’importance d’un
cadre juste pour le
commerce agricole en
particulier. La Via Campesina ne
défend pas l’autarcie,
mais bien la
souveraineté
alimentaire.
Ainsi, nous
appelons les Etats à
ne pas perdre de temps
dans des négociations
stériles à l’OMC
autour d’une
hypothétique « réforme
» qui n’a jamais pu
mener à quoi que ce
soit depuis plus de 20
ans. Nous
invitons les Etats,
et en particulier
les pays du Sud, à
se mettre autour de
la table pour
négocier un nouveau
cadre pour un
commerce
international juste
et solidaire basé
sur la souveraineté
alimentaire. Ces
négociations
pourraient avoir lieu
dans tout espace
respectueux d’un
multilatéralisme
authentique où tous
les Etats sont
vraiment égaux entre
eux et où la voix des
organisations
représentatives de la
société civile et en
particulier des petits
producteurs
d’alimentation sera
entendue et prise en
compte, par exemple à
la FAO ou à la CNUCED.
Nous, La
Via Campesina, nous
engageons à œuvrer
pour l’avènement de ce
nouveau cadre
international, tout
comme nous l’avons
fait pour la
Déclaration des
Nationales Unies sur
les Droits des Paysans
et des autres
personnes travaillant
en zone
rurale (UNDROP). Nous
nous mettons sous les
bons auspices de notre
frère, ami et camarade
Lee Kyung Hae pour
réaliser cette tâche
indispensable.
Globaliser
la lutte, globaliser
l’espoir
Face aux crises
globales,
construisons la
souveraineté
alimentaire pour
assurer un futur à
l’humanité !
La
Via Campesina
29 mai 2023
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