Le 17 avril est la Journée internationale des luttes paysannes, commémorée chaque année par La Via Campesina pour se souvenir du massacre d'Eldorado do Carajás en 1996 et ainsi mettre en lumière la criminalisation, persécution, l'oppression et la répression continues des communautés de paysan·nes, de travailleur·euses et de peuples indigènes dans le monde entier.
Cette année marque également une étape spéciale dans la vie de La Via Campesina, puisque nous entrons dans la quatrième décennie de nos luttes collectives. Les organisations de paysan·nes et de peuples indigènes ont semé les premières graines du mouvement mondial lors d'un rassemblement à Managua en 1992. La Via Campesina a pris sa naissance officielle en 1993 lors de la première conférence internationale à Mons, en Belgique.
Le monde est dans une situation difficile en ce moment. La crise alimentaire continue d'empirer, tandis que la faim et les injustices sociales s'aggravent chaque jour. La crise a encore été amplifiée par la pandémie de COVID-19, le changement climatique, les conflits, les guerres et les spéculations financières. L'aggravation de la crise met en évidence l'échec absolu du système capitaliste, celui des multinationales et de l'agrobusiness, des traités de libre-échange, de la monoculture industrialisée imbibée d'intrants agro-toxiques. Ce système industriel déplace les paysan·nes, dégrade l'environnement et pille les ressources productives, tout en fournissant à nos pays des aliments chers, importés et malsains. La hausse des prix des denrées alimentaires et des coûts des intrants agricoles fait sombrer les communautés paysannes du monde entier dans la faim, la pauvreté et l'endettement.
Nous, La Via Campesina – les paysan·nes, les peuples indigènes, les populations rurales, les travailleur·euses agricoles, les jeunes des zones urbaines et rurales, proposons et promouvons la souveraineté alimentaire comme solution pour construire notre capacité de production nationale, enracinée dans le secteur de la paysannerie et de l'agriculture familiale, à travers des politiques publiques de soutien, des prix garantis, des crédits et d'autres formes de soutien – y compris le soutien à la commercialisation directe entre producteur·rices et consommateur·rices, et une véritable réforme agraire
L'agroécologie et la Déclaration des Nations Unies des droits des paysan·nes et autres personnes travaillant dans les zones rurales (UNDROP) sont des outils pour construire des sociétés meilleures, avec justice. Notre production alimentaire locale, notre autodétermination dans la dignité, la paix, le féminisme et la souveraineté des peuples ne sont possibles qu'avec ces outils.
Il n'y a pas d'avenir sans souveraineté alimentaire ! Ce 17 avril, alors que nous entamons les célébrations de nos trente ans, profitons de ce moment pour nous souvenir et être fier·es du long et difficile chemin parcouru jusqu'ici. Sur ce chemin vers la justice, nous avons aussi perdu des personnes à cause de la répression et de la criminalisation, et nous continuons à en perdre. Il est essentiel de garder vivant leur souvenir, de lutter pour leur liberté et de mettre en lumière les victoires inspirées par nos luttes historiques. Le moment est venu de visibiliser les triomphes, les sacrifices, les alternatives, les petites et grandes transformations que nous avons connues et à la manière dont nous avons grandi pour être présent·es et organisé·es dans 81 pays. Il est temps de faire avancer nos luttes de #25ansPourLaSouverainetéAlimentaire et de convaincre les gens, les gouvernements et les décideur·euses politiques que cette vision peut résoudre les multiples crises et construire des sociétés meilleures et plus saines avec justice, dignité, paix et souveraineté populaire.
30 ans de luttes collectives, d'espoir et de solidarité
Viva La Via Campesina !
#LVC30Years #FoodSovereigntyNOW
#PasdeFuturSansSouverainetéAlimentaire