[Lentilleres-diffusion] À tous les soutiens, proches ou lointains, du Quartier Libre des Lentillères !

Annonces concernant le quartier des Lentillères à Dijon lentilleres-diffusion at potager.org
Lun 4 Mar 20:29:08 CET 2024


À TOUS LES SOUTIENS, PROCHES OU LOINTAINS, DU QUARTIER LIBRE DES
LENTILLÈRES !

Nous vous écrivons ce texte pour vous raconter une chronologie de notre
lutte de ces dernières années et la situation actuelle qui nous menace.
Ce texte est long mais il décrit des centaines d'heures de réunions, de
discussions, d'inquiétude, de colère... Les Lentillères sont aujourd'hui
une nouvelle fois menacées, alors nous appelons tout·es celles et ceux à
qui le Quartier tient à coeur à rester vigilant·es.

En novembre 2019, après 10 ans de lutte contre la bétonisation des
dernières terres maraîchères de la ville, François Rebsamen, le maire de
Dijon, annonçait l'abandon de la phase 2 du projet d'écocité « Jardin
des Maraîchers ». Il déclarait, lors d'un conseil municipal, que les
neuf hectares du Quartier Libre des Lentillères ne seraient pas
urbanisés. Neuf hectares, soit la totalité des Lentillères. Nous ce
jour-là, on explosait de joie : nous avions sauvé ces terres d'un avenir
à étouffer sous le béton ! 

Mais quand même, dans un coin de nos têtes, on savait déjà qu'il allait
falloir continuer de lutter pour défendre notre droit de cultiver et
d'habiter ces terres, nous, celleux qui en avons pris soin ces dix
dernières années. La mairie avait en effet profité de l'annonce de
l'abandon pour préciser que nous serions expulsé·es si l'occupation
n'était pas régularisée. 

Bien qu'effrayé·es par la perspective de perdre ce qui fait la richesse
des Lentillères, nous avons alors décidé d'ouvrir un dialogue avec la
mairie sur la possibilité d'une légalisation. Dans un communiqué nous
annoncions alors ne pas avoir d'opposition de principe à une forme de
régularisation, du moment qu'elle respecte les pratiques du Quartier. 

Pendant tout le printemps 2021 nous avons travaillé sur une proposition
concrète de légalisation pour les Lentillères. Un nouveau zonage, la
ZEC, ou Zone d'Ecologies Communale, qui permettrait de garder entremêlés
tous les usages du quartier, l'habitat, l'agricole, le culturel, la
biodiversité, sans parcelliser la zone et en confiant la gouvernance du
Quartier à une assemblée ouverte d'usagèr·es. En mai, nous rendions
notre proposition publique. Nous n'aurons alors aucune nouvelle, aucune
réponse à cet appel lancé a la mairie. 

En juin 2021, François Rebsamen revient sur ses promesses de campagne de
2019 et annonce, par voie de presse toujours, vouloir finalement
urbaniser 2 ha sur la bande est du Quartier libre des Lentillères. Puis,
en 2022, ça deviendra 1,14 ha, la mairie décidant finalement de sortir
le champ de cultures de poireaux, patates et courges de la bande à
urbaniser. 

En septembre 2022, après trois ans de communiqués, de portes ouvertes et
d'appels lancés dans le vent, la mairie fait finalement un pas vers
nous. On rencontre Philippe Lemanceau, conseiller municipal, afin de
créer un cadre de discussion sur l'avenir des Lentillères. Bien que
réticent·es, on s'est lancé·es avec sérieux dans ce dialogue qui dure
maintenant depuis un an et demi. On n'a eu de cesse de faire des
concessions, malgré la méfiance collective que nous éprouvons envers les
politicien·nes et leurs belles paroles. On a choisi de parier sur la
possibilité d'une entente qui régulariserait les Lentillères sans en
faire mourir l'esprit d'autonomie et de rebellion. 

On a sollicité des rendez-vous pour parler de contrat et de
légalisation, on a accepté que des élus, des techniciens et des employés
de la mairie visitent les bâtiments collectifs, les maisons, les
jardins, et même nos chambres. On a monté une commission interne sur les
normes de sécurité, les normes sanitaires et énergétiques et on a fait
des propositions techniques de mise aux normes pour des lieux publics
comme la grange rose, la maison commune ou le foufournil. À ce jour,
après avoir fait visiter une dizaine de lieux, nous n'avons toujours
aucune proposition concrète de la part de la mairie. 

Malgré ça, le maire de Dijon annonce dans la presse locale qu'il « perd
patience » à cause de nos « méthodes de discussions ». Il dit n'en plus
pouvoir de nos pratiques : le « changement de prénom » et le « vote à
l'unanimité en assemblée générale »... Ça pourrait presque être drôle si
cet article ne visait pas en réalité à dépeindre les Lentillères comme
une bande de radicaux capricieux crâchant sur « un bail à l'euro
symbolique ». 

Jamais une telle proposition ne nous a été faite. En réalité nous
n'avons jamais pu discuter du statut légal des Lentillères. Nous avons
appris par voie de presse la suspension du dialogue menant à
l'annulation d'un rendez-vous que nous avions sollicité pour faire une
proposition de conventionnement, portée par une structure associative
représentant toustes les usagèr·es des Lentillères. 

Ce 28 janvier, la presse nous apprend également que la mairie attend de
nous que nous acceptions l'urbanisation des 1,14 ha de la bande est,
sans quoi François Rebsamen « ne répondra plus de rien ». Pourquoi
soudainement ce coup de pression médiatique et politique sur un point de
désaccord connu depuis le début des négociations ? Nous n'avons jamais
caché être en désaccord avec le maire lorsqu'il a annoncé revenir sur sa
décision pour urbaniser 1,14 hectares. Depuis le début des discussions,
nous avons essayé de parler de la frange est en vain. Comment
pourrions-nous aujourd'hui nous positionner sans connaître les détails
de leur projet et sans n'avoir jamais reçu la moindre proposition
concrète. 

La mairie nous pose donc un « ultimatum », sorti de son chapeau, en nous
rêvant divisé·es et fragiles. Mais au risque de la décevoir, nous
répétons une nouvelle fois qu'il n'y a pas en notre sein des « bon.nes
modéré·es » et des « mauvais radicaux ». Il y a des centaines de
personnes qui discutent, prennent le temps de se mettre d'accord par
consensus, co-habitent et s'organisent ensemble dans une assemblée qui
est aujourd'hui prête à régulariser la zone. 

Nous craignons que cette manoeuvre de la mairie n'aie d'autres buts que
d'attiser l'incompréhension des habitant·es de Dijon et de les préparer
à une possible expulsion des Lentillères. Depuis 13 ans, nous avons eu à
faire face à de multiples menaces de la mairie, et nous avons toujours
trouvé assez de soutien à travers un réseau de lutte large et déterminé
pour ne pas baisser les bras. Une nouvelle fois, nous avons besoin de
sentir qu'une foule immense serait à nos côtés en cas d'expulsion. 

Nous espérons voir la mairie réouvrir rapidement le dialogue, mais nous
vous appelons tou·tes à être vigilant·es dans le cas où elle déciderait
d'ouvrir plutot la voie aux tractopelles.Vous êtes les bienvenu·es sur
le Quartier pour venir le découvrir ou le redécouvrir et nous aider des
mille manières qui ont toujours su jaillir lorsque les Lentillères ont
été menacées.* 

Des usagèr·es du Quartier Libre des Lentillères,
lundi 4 mars 2024

_*vous pouvez écrire à secretariat-lentilleres at riseup.net__ en amont
pour la logistique._
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