L'UNDROP a 3 ans aujourd'hui – La Via Campesina et FIAN lancent la 1e brochure d’une boîte à outils d’éducation populaire en 5 parties
by La Vía Campesina
A l'occasion du troisième anniversaire de l'adoption formelle de la
Déclaration des Nations unies sur les droits des paysans et autres
personnes travaillant dans les zones rurales (UNDROP, son acronyme en
anglais), La Via Campesina et FIAN International lancent la première
brochure [1] d'une boîte à outils d'éducation populaire en cinq parties
[2].
CONSOLIDER LA RÉALISATION, L'AFFIRMATION ET L'AVANCÉE DES DROITS DES
PAYSAN·NES
Le 17 décembre 2021, nous fêtons le troisième anniversaire de la
reconnaissance internationale des droits humains des paysan·nes et
autres personnes vivant en milieu rural. Le 17 décembre 2018,
l'Assemblée générale des Nations Unies a adopté la Déclaration des
Nations unies sur les droits des paysans et des autres personnes
travaillant dans les zones rurales.
La situation actuelle est certainement peu réjouissante. Les grosses
entreprises continuent de bafouer les droits des paysan·nes et des
autres personnes vivant en milieu rural et de criminaliser toute forme
de défense et de protection de ces droits. En l'espace d'un an, les
multinationales de l'agrobusiness ont frayé un chemin considérable à
leurs fausses solutions et à leurs réformes _big tech_ dans le domaine
de l'agriculture, malgré l'aggravation de la pandémie de COVID et de la
crise climatique. Main dans la main avec le Secrétaire général des
Nations Unies, le Forum économique mondial et la méga-philanthropie, le
secteur privé a soutenu des récits commerciaux par le biais de processus
pas si i [3]nclusifs, et qui ont culminé lors du Sommet sur les systèmes
alimentaires [4] (UNFSS) en septembre. Les résultats du Sommet tentent
de façonner les récits et les politiques internationales quant à la
réponse à donner aux multiples crises menaçant l'humanité et la Terre
Mère. Récemment, de nombreux partenariats publics-privés, ayant été
annoncés à la COP26, ont promis d'accélérer l'innovation agricole,
financée par les multinationales de l'agrobusiness, elles-mêmes
responsables de la néfaste révolution verte et du nouveau cadre narratif
"d'agriculture intelligente face au climat". De bien des façons, le
"modèle" des prochains systèmes alimentaires high tech et numérisés [5]
que les grosses entreprises ont mijoté à Davos [6] au fil des années,
est devenu réalité à l'UNFSS. Nous assisterons à une concentration
encore plus forte des ressources, des chaines de production et des
infrastructures aux mains de quelques multinationales. Les espaces
démocratiques de gouvernance diminueront encore davantage [7], et les
violations des droits des paysan·nes et travailleur·euses vont encore
s'aggraver.
Toutefois, nous avons un outil fantastique pour nous protéger contre les
intentions des multinationales, motivées par le profit, et pour dompter
la vague du néolibéralisme : la Déclaration des Nations Unies sur les
droits des paysan·nes.
A l'occasion de l'anniversaire de l'UNDROP cette année, nous lançons un
outil pratique pour amorcer un changement et reprendre nos pouvoirs. La
brochure d'initiation sur l'UNDROP est la première d'une série de cinq,
intégrant la boite à outils de matériels d'éducation populaire. Il
s'agit d'une étape cruciale pour retisser les liens entre l'UNDROP et
celles et ceux qui en ont inspiré la création et ayant œuvré à son
développement, mais dont les droits à une vie et à des moyens de
subsistance dignes, tels qu'entérinés dans la Déclaration, doivent
encore être réalisés. C'est une boite à outils pour nous aider à bien
utiliser l'UNDROP dans nos luttes pour affirmer et faire avancer nos
droits individuels et collectifs.
Ainsi, le but de cette boite à outils est de contribuer à une meilleure
prise de conscience, à une compréhension plus approfondie et à un
renforcement des capacités (par la formation) des mouvements paysans.
Nous devrions utiliser cette brochure comme un outil fondateur pour
assurer le respect, la mise en œuvre et la promotion de l'UNDROP, à tous
les niveaux, du local à l'international, des coutumes communautaires aux
mécanismes de prises de décisions politiques. Cette boite à outils
d'éducation populaire est sensible aux contextes et autonomisera les
paysan·nes pour améliorer leurs moyens de subsistance en milieu rural,
renforcer la souveraineté alimentaire et l'agroécologie, consolider la
lutte contre le changement climatique, réaliser les droits des
paysan·nes à conserver, utiliser, échanger et vendre leurs semences, et
agir contre l'accaparement des terres. En somme, utiliser cette boite à
outils donnera naissance à l'UNDROP, et fera de la Déclaration un outil
efficace pour nos luttes.
LA BROCHURE D'INTRODUCTION SUR L'UNDROP EST LA PREMIÈRE D'UNE SÉRIE DE
CINQ DOCUMENTS D'ÉDUCATION POPULAIRE.
Il est crucial que l'UNDROP soit intégrée dans les luttes quotidiennes
des travailleur·euses, des détenteur·rices des droits, des paysan·nes ou
de toute autre personne vivant ou travaillant en milieu rural. Cela
demande de comprendre comment les droits sont bafoués et quelles actions
peuvent être menées pour revendiquer ces droits. Pour y parvenir, le
Livret d'initiation et les quatre Livrets thématiques qui suivront se
sont concentrés sur les articles spécifiques adoptés dans le cadre de
l'UNDROP pour que la disposition légale devienne une réalité bien
vivante pour des millions de familles rurales. Pour qu'il y ait une
vraie mise en œuvre des droits, tou·tes les paysan·nes doivent
comprendre leurs droits. C'est pourquoi ces brochures sont une partie
intégrante d'une campagne d'éducation populaire cruciale.
Pour La Via Campesina, l'adoption de cette Déclaration par les Nations
Unies en décembre 2018 était la seule bataille à moitié remportée. Ce
qui est crucial maintenant, c'est que l'UNDROP soit pleinement mise en
œuvre conformément à sa lettre et à son esprit dans le monde entier.
L'UNDROP peut aider à vaincre la discrimination et la violence
structurelles, et à promouvoir nos modes de vie ruraux en réponse aux
crises politiques, économiques, sociales et écologiques. Mobilisons-nous
avec cette boite à outils pour mettre en œuvre notre UNDROP !
Globalisons la lutte, globalisons l'espoir!
TELECHARGER LA BROCHURE ICI [2]
Links:
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[1]
https://viacampesina.org/fr/wp-content/uploads/sites/4/2021/12/LVC-FR-Boo...
[2]
https://viacampesina.org/fr/outils-deducation-populaire-declaration-des-n...
[3]
https://viacampesina.org/en/position-paper-a-summit-under-siege-corporate...
[4]
https://viacampesina.org/fr/document-de-position-de-la-via-campesinaetat-...
[5]
https://www.weforum.org/agenda/2021/09/the-time-to-reinstate-food-systems...
[6]
https://www3.weforum.org/docs/IP/2016/NVA/NVAGuidetoCountryLevelAction.pdf
[7] https://www.tni.org/es/node/22742
3 years
Nyéléni : le message des communautés pastorales – une voix du terrain
by La Vía Campesina
NYÉLÉNI : LE MESSAGE DES COMMUNAUTÉS PASTORALES – UNE VOIX DU TERRAIN
LA NOUVELLE ÉDITION DU BULLETIN NYÉLÉNI EST MAINTENANT EN LIGNE!
Plus de la moitié de la surface de la Terre est couverte de prairies et
de pâturages. Pendant des milliers d'années les communautés pastorales
ont domestiqué des animaux et géré des écosystèmes de façon durable,
créant une diversité de cultures et de systèmes alimentaires adaptés et
résilients. La biodiversité a toujours coexisté avec le pastoralisme.
Le pastoralisme est basé sur l'utilisation extensive du territoire,
parfois des prairies mais aussi forêts et terres arables après récolte,
terres marginales et autres espaces qui très souvent ne sont pas
favorables à l'agriculture. Le pastoralisme est pratiqué par 200 à 500
millions de personnes à travers le monde dans des environnements très
variés dans presque tous les pays, des terres arides sub-sahariennes
d'Afrique au cercle arctique.
TELECHARGEZ LA NEWSLETTER EN ENTIER ICI : ENGLISH [1] ESPANOL [2]
FRANCAIS [3]
Illustration par Fernando Garcia Dory/European Shepard Network / WAMIP
Links:
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[1] http://www.nyeleni.org/ccount/click.php?id=171
[2] http://www.nyeleni.org/ccount/click.php?id=172
[3] http://www.nyeleni.org/ccount/click.php?id=173
3 years
La Via Campesina – Suivi de l’accord de paix en Colombie : Bulletin #5
by La Vía Campesina
Ce bulletin est le résultat de l'effort collectif de La Via Campesina
pour rendre visible et accompagner la mise en œuvre des accords de paix
en Colombie.
Pour s'abonner cliquez ici [1]
Colombie : peu de progrès quant à l'implémentation de l'Accord de paix
Il y a trois ans, Ivan Duque est arrivé à la présidence de la République
en tant que candidat d'un parti qui promettait de « réduire en miette »
l'Accord de paix. Les sentences de la Cour Constitutionnelle, la
pression de la communauté internationale et la mobilisation citoyenne
ont empêché que le président et le parti du gouvernement démontent
l'Accord. Lire le communiqué de presse complet [2] de La Via Campesina.
COLOMBIE: LES VIOLATIONS DES DROITS HUMAINS TOUJOURS À LA HAUSSE
La violence politique en Colombie est un phénomène qui persiste après
l'accord de paix. Le nombre des assassinats de leaders communautaires,
des ex-combattant·es et des membres de leurs familles se maintient à la
hausse, ainsi que les diverses forme de violations des droits humains
soufferts par les communautés paysannes, indigènes et afro-descendantes
à l'occasion de la reconfiguration territoriale du conflit armé. CLIQUEZ
ICI [3]. [4]
COLOMBIE: TOUJOURS DAVANTAGE DE DÉPLACEMENTS MASSIFS
Des considérables formes de violence qui ont été subies pas les
communautés rurales dans le cadre du conflit armé, une des plus graves
est le déplacement forcé qui dépouille les communautés paysannes,
indigènes et afro-descendantes d'un élément fondamental de leur identité
et de leur existence : les terres. Ce phénomène, qui au long du conflit
armé a fait 8 millions de victimes, CLIQUEZ ICI [5]. [4]
COLOMBIE : VIOLATIONS DES DROITS HUMAINS DANS LE CADRE DE LA GRÈVE
NATIONALE
Ce qui était au départ un appel à protester contre une réforme fiscale
régressive présentée par le gouvernement Duque, s'est rapidement
transformé en une crise sociale déclenchée par la recrudescence de la
violence, l'assassinat de leaders sociaux, le non-respect de l'Accord de
Paix par le gouvernement, CLIQUEZ ICI [6]. [4]
COLOMBIE : OÙ EN EST LA MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE LIÉE AU GENRE ?
En Colombie, on compte plus de 6 millions de femmes rurales. Beaucoup
d'entre elles ont eu un accès limité à la terre à cause du conflit et
des politiques structurelles qui ont historiquement concentré la
détention des terres entre les mains des hommes. La signature de
l'Accord de paix a suscité l'espoir de changer cette situation,
cependant, rien n'est fait. CLIQUEZ ICI [7]. [4]
COLOMBIE: MALGRÉ LES TENTATIVES POUR LA DISSIMULER, LA VÉRITÉ COMMENCE
À SE FAIRE.
La vérité est un élément essentiel des processus de paix et de
réconciliation. Son importance réside dans la nécessité de créer une
mémoire collective, de lutter contre l'oubli et de garantir le droit des
victimes et de la société à savoir ce qui s'est passé dans le contexte
du conflit armé. Le processus de vérité, de justice et de réparation en
Colombie avance petit à petit, malgré les tentatives de l'extrême droite
de le ralentir. cliquez ici [8]
[9]
OMAR MORENO, VIE ET LUTTE PAYSANNE
[10]
HYMNE DE LA GARDE INDIGÈNE
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dans les champs, votre soutien est toujours le bienvenu et utilisé à bon
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[4] https://viacampesina.org/en/donations/
[5]
https://viacampesina.org/fr/colombie-toujours-davantage-de-deplacements-m...
[6]
https://viacampesina.org/fr/colombie-violations-des-droits-humains-dans-l...
[7]
https://viacampesina.org/fr/colombie-ou-en-est-la-mise-en-oeuvre-de-la-de...
[8]
https://viacampesina.org/fr/colombie-malgre-les-tentatives-pour-la-dissim...
[9] https://www.youtube.com/watch?v=q04NBidtY1M
[10] https://www.youtube.com/watch?v=uwR6VgQ1mOE
[11] https://donatenow.networkforgood.org/viacampesina
[12] http://www.viacampesina.org
[13] http://www.tv.viacampesina.org
3 years
« Prospérité pour une élite, pauvreté pour le plus grand nombre »
by La Vía Campesina
« PROSPÉRITÉ POUR UNE ÉLITE, PAUVRETÉ POUR LE PLUS GRAND NOMBRE », L'OMC
ET LES ACCORDS DE LIBRE-ÉCHANGE MONDIAUX ONT TRAHI LES PEUPLES
HARARE, LE 29 NOVEMBRE 2021 :
Vendredi dernier (26 novembre), la 12e Conférence ministérielle sur le
commerce (MC12) de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), qui devait
se tenir à Genève du 30 novembre au 3 décembre, a été reportée jusqu'à
nouvel ordre en raison de la pandémie. Aucune date n'a été fixée pour la
reprogrammation de la Conférence ministérielle. La Via Campesina a,
depuis longtemps, appelé à une sortie totale de l'OMC des négociations
sur l'alimentation et l'agriculture. Vous trouverez ci-dessous la
déclaration officielle du mouvement mondial qui énumère l'impact
destructeur des politiques de libre-échange promues par cet organisme
commercial multilatéral et insiste sur la nécessité d'une alternative
ancrée dans les principes de la souveraineté alimentaire.
-------------------------
L'Organisation mondiale du commerce (OMC) ; le plus fervent défenseur du
commerce de libre-échange mondial, peine à trouver sa crédibilité dans
un monde dévasté par les inégalités, la faim, l'extrême pauvreté, les
guerres et une pandémie sans précédent.
Voici un rapide bilan des trois dernières décennies, une époque où l'OMC
figurait au premier rang de l'élaboration de règles commerciales
multilatérales visant à renforcer la « coopération mondiale ».
* Aujourd'hui, une poignée de sociétés transnationales contrôlent
ensemble le secteur de l'agroalimentaire : c'est-à-dire les semences,
les produits agrochimiques, les engrais, l'industrie génétique, les
aliments et boissons, et la vente au détail de produits alimentaires. La
coalition des géants de l'agroalimentaire entre 1996 et 2018 a permis
que 60 % des ventes mondiales de semences brevetées soient contrôlées
par seulement quatre compagnies. Les chiffres de 2015, 20 ans après
l'entrée en vigueur de l'OMC, indiquent que 80 % du secteur agrochimique
mondial est resté entre les mains de quatre firmes seulement. Six
entreprises dans le secteur du bétail se partagent une grande partie de
l'industrie de la reproduction et de la génétique, dix multinationales
possédaient presque entièrement l'industrie mondiale des aliments
transformés et des boissons, et huit multinationales contrôlaient les
points de vente au détail dans le monde entier.
* Malgré cette emprise des agro-industries sur le système alimentaire
mondial, la faim n'a cessé d'augmenter. Plus de 820 millions de
personnes sont confrontées à la faim aujourd'hui. Celle-ci continue de
grimper, notamment depuis 2015, l'Afrique et l'Amérique latine figurant
parmi les régions les plus touchées.
* Les prix des denrées alimentaires augmentent également ! L'indice
des prix des denrées alimentaires, qui suit les prix internationaux des
produits alimentaires de base négociés à l'échelle mondiale, s'est
établi à 133,2 (pour les céréales à 137,1) en octobre 2021, soit le
niveau le plus élevé depuis une décennie !
Il est intéressant de souligner que lorsque l'OMC a été créée en 1995,
son objectif était censé "aider ses membres à utiliser le commerce comme
un moyen de rehausser le niveau de vie, de créer des emplois et
d'améliorer la vie des gens". Voici où nous en sommes aujourd'hui ;
* Des milliardaires possèdent désormais plus de richesses que 60 % de
la population de la planète, alors même que 735 millions de personnes
vivent dans une extrême pauvreté. Beaucoup d'autres ne sont qu'à une
facture d'hôpital ou à une mauvaise récolte de s'y engouffrer.
* Dans l'ensemble des pays à faible revenu, le salaire quotidien par
habitant est inférieur à 5 dollars américains et l'écart entre les
personnes ayant des revenus moyen inférieur et celles ayant des revenus
moyens supérieurs n'a fait que se creuser.
* En 2019, près d'une personne sur cinq - soit 20 % de l'ensemble des
personnes salariées - n'ont pas gagné suffisamment pour se sortir, eux
et leur famille, de l'extrême ou moyenne pauvreté.
* Selon le (UNHCR [1]) HCNUR, le nombre de personnes déplacées de
force, tant à l'intérieur des pays qu'au-delà des frontières, en raison
de persécutions, de conflits ou de violations des droits de l'homme, a
presque doublé au cours des dix dernières années.
* La dette mondiale s'élève aujourd'hui à 69 000 milliard de dollars,
la plus élevée de l'histoire de l'humanité. Il y a vingt ans, elle
s'élevait à 20 000 milliards de dollars. Parallèlement, les services
publics souffrent d'un sous-financement chronique. Le dernier rapport de
l'UNICEF sur les dépenses sociales indique qu'au moins 26 pays à faible
revenu prévoient de réduire les dépenses publiques, jusqu'à 8 % du PIB.
Toutes ces données, qui sont une traduction conservatrice des réalités
vécues par les gens, confrontent les prétentions mensongères de l'OMC à
faire « sortir des millions de personnes de la pauvreté ». En bref, au
lieu de libérer qui que ce soit de la pauvreté, la seule « libération »
que la Banque Mondiale, le Fonds Monétaire International et l'OMC
semblent avoir réalisée est celle des milliardaires. Elle a également «
supprimé » les droits de douane qui offrent le peu de protection qu'elle
assurait aux producteurs alimentaires ruraux et aux économies des pays
en développement.
LA 12E CONFÉRENCE MINISTÉRIELLE, QUAND ELLE AURA LIEU, CONTINUERA À
DÉFENDRE LES ÉLITES !
Le parti pris du régime mondial de libre-échange en faveur des nations
les plus riches est flagrant dans les discussions qui se déroulent
autour de l'agriculture à l'approche de la douzième Conférence
Ministérielle, en particulier sur la question du stockage public.
Jugez-en par vous-mêmes : une proposition de solution permanente sur la
« mise en place de stocks publics à des fins de sécurité alimentaire » a
été présentée à la Conférence Ministérielle de Bali en 2013, avec un
soutien massif des pays en développement. Elle visait à autoriser des
subventions nationales illimitées sur le soutien des prix accordé aux
agriculteurs dans le cadre des programmes de stockage public dans les
pays en développement et les pays les moins avancés. Cette proposition
demandait la suppression du plafond de 10 % imposé par l'Accord sur
l'Agriculture (AsA).
Comme on pouvait s'y attendre, les pays riches s'y sont opposés. Dans la
logique néolibérale, les subventions massives accordées par les pays
riches à leurs entreprises agroalimentaires transnationales sont
justifiées en tant "qu'incitations commerciales", tandis que les mêmes
subventions accordées par un pays plus pauvre à ses petits producteurs
alimentaires locaux sont qualifiées de "distorsion commerciale". Il
n'est donc pas surprenant de savoir que cette proposition de solution
définitive a été attaquée par les États-Unis, l'Union Européenne, le
Japon, le Canada et l'Australie au cours des sept dernières années. Et
ces pays, qui ont une histoire d'oppression coloniale et impérialiste
(qui a abouti à la pauvreté dont le monde est témoin aujourd'hui),
peuvent faire pression sur l'OMC et ainsi bloquer toute avancée dans ces
discussions. Même à la 12e Conférence Ministérielle, des tentatives
étaient en cours pour publier une version édulcorée de la "clause de
paix de Bali" - un arrangement provisoire convenu en attendant qu'une
solution permanente entre en vigueur.
LES POLITIQUES COMMERCIALES NÉOLIBÉRALES QUI DOMINENT LE MONDE
D'AUJOURD'HUI SONT EN RUINE. ELLES N'ONT FAIT QUE GARANTIR LA PROSPÉRITÉ
À UN PETIT NOMBRE ET LA PAUVRETÉ AU PLUS GRAND NOMBRE.
À l'heure actuelle, au moins 350 accords régionaux de libre-échange et
plus de 3000 traités bilatéraux d'investissement (TBI) sont en vigueur
dans le monde. Et toutes les négociations de libre-échange sur
l'agriculture et la pêche s'inspirent du très controversé Accord sur
l'Agriculture (AA) de l'OMC. Ce cadre mondial prévoit essentiellement la
réduction des taxes de douane à l'importation, le retrait des
subventions nationales et l'abolition des stocks publics en vue
d'assurer la sécurité alimentaire. Par exemple, l'Accord sur
l'Agriculture n'autorise que 39 pays - dont 17 pays développés et
seulement 22 pays en développement - à recourir à une Protection
Spéciale, c'est-à-dire à la liberté d'augmenter les droits de douane à
l'importation en cas de flambée subite des importations. La demande en
faveur d'un mécanisme similaire pour les pays les moins avancés est
tombé dans l'oreille de sourds - encore un autre exemple de l'inégalité
des rapports de pouvoir qui caractérise les procédures de l'OMC.
Les conséquences de ces décisions prises par les conseils
d'administration de l'OMC sont réelles pour les paysans et les peuples
indigènes. Une étude menée par la FAO a mis en évidence une augmentation
significative des importations de produits alimentaires dans les pays
les plus pauvres. Elle cite l'exemple du Cameroun, du Ghana, du
Honduras, du Kenya, du Malawi, du Mozambique, des Philippines, du Sri
Lanka et de la Tanzanie, entre autres, où la hausse des importations a
souvent attisé la concurrence entre les produits importés et les
produits nationaux et entraîné une baisse des prix intérieurs, en
particulier lorsque les deux produits sont des substituts.
Au cours des cinq dernières décennies de leur existence, les accords
mondiaux de libre-échange n'ont apporté que la faim, les émeutes de la
faim, les suicides d'agriculteurs, les crises climatiques, l'extrême
pauvreté et la migration de détresse. Ces accords commerciaux ont ouvert
la voie à la privatisation, à la déréglementation et au retrait de
l'obligation de l'État à fournir des services publics essentiels à sa
population. Ils ont eu un impact dévastateur sur les zones rurales en
particulier. Les femmes et les enfants sont les plus touchés, car la
migration de détresse les oblige à fuir leurs villages et à travailler
dans des conditions inhumaines dans les villes. Dans tous les pays, la
disponibilité et la qualité des soins de santé et de l'éducation
publique ont énormément souffert au cours des cinq dernières décennies,
en particulier dans les zones rurales, privant ainsi les femmes, les
enfants et les jeunes du droit à une vie décente.
L'acte désespéré de l'agriculteur sud-coréen Lee Kyung Hae, qui a
sacrifié sa vie [2], juste devant le lieu d'une réunion ministérielle de
l'OMC à Cancun il y a dix-huit ans, a exprimé de manière tragique ces
crises dans les zones rurales du monde entier.
LES GENS RIPOSTENT ! L'OMC ET LES ALE HORS DE L'AGRICULTURE !
Les agriculteur·ices indien·nes, qui manifestent dans les rues depuis
pile un année, réclament, entre autres, un prix de base minimum garanti
par la loi pour leurs récoltes. Les agriculteur·ices qui se révoltent
craignent également que les nouvelles négociations commerciales qui se
profilent à l'horizon (avec les États-Unis et l'Union Européenne)
menacent leur souveraineté alimentaire, leur autonomie et les normes de
biosécurité concernant les aliments génétiquement modifiés.
En Indonésie, en Thaïlande, au Japon, aux Philippines et en Corée du
Sud, les paysan·nes résistent au CP-TPP [3], au RCEP [4], au FTAAP-21 et
à toute une série d'autres accords commerciaux régionaux que les grandes
puissances économiques mondiales comme les États-Unis et la Chine sont
en train de faire adopter.
En Argentine, en Équateur, au Kenya et en Zambie, les citoyen·nes
protestent contre la crise de la dette provoquée par le FMI. L'accord
UE-Mercosur [5]se heurte à la résistance des paysan·nes et des
organisations de la société civile des deux côtés de la scène. Ils
signalent que dans les pays du Mercosur, la production de soja, de sucre
et de viande, par exemple, s'industrialise de plus en plus,
principalement en lien avec le modèle d'exportation massif. Le bassin
amazonien d'Amérique du Sud, qui jour un rôle essentiel pour le climat
et la biodiversité au niveau mondial, est contraint de se soumettre à ce
modèle.
UNE ALTERNATIVE ANCRÉE AU CŒUR DE LA SOUVERAINETÉ ALIMENTAIRE !
A quoi servent l'OMC et une panoplie de ces accords de libre-échange
s'ils ne font que prolonger une habitude coloniale de soumission d'une
majorité de la population ? Ces accords de libre-échange, souvent
négociés à huis clos aux moyens de processus opaques, sont les symboles
persistants de l'impérialisme et du néocolonialisme du XXIe siècle. Les
mots du paysan coréen Lee Kyung Hae résonnent à nouveau aujourd'hui à
voix haute : « ...Les multinationales incontrôlées et un petit groupe de
membres puissants de l'OMC mènent une mondialisation indésirable qui est
inhumaine, dégradante pour l'environnement, meurtrière pour les
agriculteurs et antidémocratique... » avait-il déclaré.
C'est pourquoi La Via Campesina n'a jamais cru à une réforme de l'OMC.
Il s'agit d'une organisation dont les principes fondateurs permettent
l'expansion d'une nouvelle ère de colonialisme facilité par les accords
commerciaux. Ce qui a changé au fil des ans, est probablement
l'émergence croissante d'accords commerciaux bilatéraux et régionaux sur
les médias qui suivent le même schéma que celui établi par l'OMC, mais
en dehors de celle-ci.
Pour La Via Campesina - le mouvement mondial de paysan·nes, d'indigènes,
de travailleur·euses agricoles, de migrant·es, de pêcheur·euses et
d'éleveur·euses - la seule solution viable pour laquelle nous avons
historiquement plaidé est que l'OMC et les ALE restent en dehors de
toute discussion sur l'agriculture. La nourriture ne peut être soumise
aux caprices et aux fantaisies d'un marché libre où seuls ceux qui en
ont les moyens peuvent en profiter.
En tant que mouvement présent dans 81 pays, La Via Campesina a de
nouveau appelé à un système commercial fondé sur les principes de la
Souveraineté Alimentaire. Nous devons réclamer un système commercial
multilatéral qui respecte les alliances politiques, économiques et
sociales pour défendre l'indépendance, l'autodétermination et l'identité
des peuples qui le composent. Un système construit sur la coopération et
la compassion (et non sur la compétition et la coercition comme le
pratique actuellement l'OMC). Un système qui libère les peuples du monde
de la dette, de la faim, des conflits, de l'inégalité et de la pauvreté.
Nous avons besoin d'un système commercial multilatéral où les mouvements
sociaux se voient accorder une position d'autorité égale à celle des
gouvernements dans la définition des règles commerciales entre les pays,
et où les processus pour atteindre un consensus restent transparents,
inclusifs et démocratiques.
L'OMC ET LES ALE HORS DE L'AGRICULTURE !
L'OMC TUE LES PAYSAN·NES !
LE COMMERCE SOLIDAIRE MAINTENANT !
LA SOUVERAINETÉ ALIMENTAIRE MAINTENANT !
-----------------------------
LA VIA CAMPESINA
Links:
------
[1] https://www.unhcr.org/60b638e37/unhcr-global-trends-2020
[2]
https://viacampesina.org/fr/sortons-l-agriculture-de-l-omc-lee-kyung-hae-...
[3] https://fr.wikipedia.org/wiki/Accord_de_partenariat_transpacifique
[4]
https://fr.wikipedia.org/wiki/Partenariat_r%C3%A9gional_%C3%A9conomique_g...
[5] https://fr.wikipedia.org/wiki/March%C3%A9_commun_du_Sud
3 years, 1 month
Nouvelle publication “L’itinéraire du féminisme paysan populaire à La Via Campesina”
by La Vía Campesina
NOUVELLE PUBLICATION "L'ITINÉRAIRE DU FÉMINISME PAYSAN POPULAIRE À LA
VIA CAMPESINA"
(Harare, 25 novembre 2021) Avec le slogan "LES FEMMES PAYSANNES LUTTANT
POUR LEURS DROITS, CONTRE LA FAIM ET LA VIOLENCE" nous nous sommes
réunis en tant que La Via Campesina, ce 25 novembre 2012, pour continuer
à dénoncer le système capitaliste et patriarcal responsable des
multiples crises qui traversent nos sociétés aujourd'hui. Et pour exiger
la justice et la dignité. Face à l'impunité des États et des systèmes
judiciaires, il est temps de dire stop à la violence faites aux femmes
et aux membres des groupes minoritaires et vulnérables.
Dans ce contexte de lutte, de mobilisation et de résistance des femmes
du monde entier, en tant que mouvement paysan international, nous
souhaitons en profitons pour lancer officiellement notre nouvelle
publication illustrée [1] "L'ITINÉRAIRE DU FÉMINISME PAYSAN ET POPULAIRE
À LA VIA CAMPESINA".
Il s'agit d'un outil politique et pédagogique très important pour la
formation à la base, aux niveau local comme régional. Ce matériel a été
élaboré par l'Articulation des femmes de La Via Campesina et illustré
grâce au talent et au génie du collectif féministe Femgarabat [2], du
Pays basque.
Dans ces 28 pages magnifiquement illustrées, vous trouverez une synthèse
des principales réalisations des femmes tout au long des presque 30 ans
d'histoire du mouvement, du rôle des femmes pour la souveraineté
alimentaire et dans la lutte pour le féminisme paysan et populaire. Vous
y trouverez également divers témoignages quant à la mise en œuvre de la
campagne mondiale pour mettre fin à la violence contre les femmes,
promue par LVC depuis 2008. Vous pouvez également consulter notre
brochure de réflexions sur le "Féminisme paysan et populaire" [3], pour
approfondir certains thèmes et découvrir d'autres débats.
Nous vous invitons à apprécier, à télécharger [4] et à partager
largement cette publication!
La publication est disponible en ES, FR et EN, vous pouvez également
faire une version dans votre langue locale ici [5].
25#Nov Femmes paysannes en lutte pour leurs droits, contre la faim et la
violence !!
Links:
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[1]
https://viacampesina.org/fr/wp-content/uploads/sites/4/2021/11/VÍA...
[2] https://www.instagram.com/femgarabat/
[3]
https://viacampesina.org/fr/litineraire-du-feminisme-paysan-et-populaire-...
[4]
https://viacampesina.org/fr/nouvelle-publication-litineraire-du-feminisme...
[5] https://cloud.viacampesina.org/s/jmyLf2Rbwci23w2
3 years, 1 month
La Via Campesina célèbre sa transition politique vers l’Europe
by La Vía Campesina
LA VIA CAMPESINA CÉLÈBRE SA TRANSITION POLITIQUE VERS L'EUROPE
APRÈS ELIZABETH MPOFU, MORGAN ODY DEVIENT COORDINATRICE GÉNÉRALE DE LA
VIA CAMPESINA
-------------------------
BAGNOLET, FRANCE | LE 1ER DÉCEMBRE 2021
Le Secrétariat opérationnel international de La Via Campesina, le
mouvement mondial qui représente environ 200 millions de paysans et
paysannes dans le monde, s'est déplacé cette semaine à Bagnolet, en
France, accueilli par la Coordination Européenne Via Campesina (ECVC) et
son organisation membre La Confédération paysanne, conformément au
principe de rotation entre les continents.
C'est ainsi que Morgan Ody, productrice de légumes en Bretagne, va
assurer la coordination générale de La Via Campesina, transmise par
Elizabeth Mpofu, de Harare au Zimbabwe. Dans le contexte actuel de crise
du climat, de la biodiversité et des ressources, cette responsabilité
est l'occasion de souligner combien la défense de l'agriculture paysanne
et de la souveraineté alimentaire est essentielle pour promouvoir la
justice climatique, économique et sociale et établir des chaînes
alimentaires durables et équitables.
Depuis 25 ans, les petits et moyens agriculteurs et agricultrices du
mouvement La Via Campesina se battent pour les droits des paysans et
paysannes, la réforme agraire et la souveraineté alimentaire,
c'est-à-dire le droit des peuples à décider de comment et par qui les
aliments sont produits. Ils et elles ont travaillé sans relâche pour
nourrir la population et faire en sorte que les générations passées,
présentes et futures disposent d'une alimentation saine, fraîche et
culturellement appropriée.
Cependant, ces paysans et paysannes sont constamment attaqués. Les
solutions agroécologiques qu'ils offrent aux problèmes climatiques et
alimentaires sont non seulement ignorées mais activement détruites par
des politiques incohérentes, des monopoles industriels et le capitalisme
néolibéral. Pour continuer la lutte contre l'agriculture industrielle et
le pouvoir des multinationales, les membres de La Via Campesina sont
engagés et déterminés à défendre l'agriculture paysanne à travers le
monde pour les prochaines années.
Comme l'a commenté Morgan Ody, lors de la cérémonie de transition du
Secrétariat qui s'est tenue à Bagnolet le 30 novembre 2021, les paysans
et paysannes sont la clé de la construction d'un avenir fondé sur la
justice sociale : des prix justes pour les produits agricoles et des
salaires justes pour les travailleurs ruraux, l'harmonie avec
l'environnement naturel, la solidarité internationale, l'égalité et la
dignité.
« _Nous, les paysans, les peuples autochtones, les femmes rurales, les
travailleurs agricoles, les jeunes de nos zones rurales, produisons tout
en ravivant la biodiversité et en émettant très peu de gaz à effet de
serre : la polyculture et l'élevage, comme le pastoralisme ou
l'agroforesterie traditionnelle, sont des modèles d'économie d'énergie,
de capture du carbone et d'entretien des milieux riches en diversité
sauvage et cultivée. Ainsi, avec nos savoir-faire et nos compétences,
l'agriculture paysanne permet de nourrir plus de 70 % de la population
mondiale avec moins de 30 % des ressources productives [2]_. »
À tous les niveaux, unis dans leur vision de la souveraineté
alimentaire, les régions et les organisations membres de La Via
Campesina continueront à œuvrer pour que les droits humains de toutes
celles et ceux qui vivent et travaillent dans les zones rurales soient
respectés, pour le bien de la planète et de sa population.
-------------------------
CONTACT : PRESS(a)VIACAMPESINA.ORG
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NOTES
[ [1]1] Déclaration des Nations unies sur les droits des paysans et des
autres personnes travaillant dans les zones rurales. [1]
[ [2]2] Qui va nous nourrir ? [2], groupe ETC, 2017
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Visionnez la cérémonie de la transition [3]
Découvrez la nouvelle brochure de présentation de La Via Campesina [4]
Links:
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[1] https://digitallibrary.un.org/record/1650694?ln=en
[2]
https://www.etcgroup.org/sites/www.etcgroup.org/files/files/etc-whowillfe...
[3]
https://www.facebook.com/watch/live/?ref=watch_permalink&v=1135134243...
[4]
https://viacampesina.org/fr/wp-content/uploads/sites/4/2021/12/LVC-FR-Bro...
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