TRAVAILLEUSES ET TRAVAILLEURS DE LA TERRE, UNISSONS-NOUS ! SOUVERAINETÉ
ALIMENTAIRE POUR LA JUSTICE CLIMATIQUE MAINTENANT !
DÉCLARATION DE LA VIA CAMPESINA EN VUE DE LA COP 26 DE L’ONU SUR LE
CLIMAT (GLASGOW)
(Harare : 25 octobre 2021) Cette année est l'année la plus chaotique au
plan climatique jamais enregistrée, depuis l'année dernière. Mais les
gouvernements contrôlés par les transnationales, les philanthropes, les
médias grand public et la plupart des organisations non gouvernementales
(ONG) PROPOSENT ENCORE LA MÊME CHOSE : DES SOLUTIONS BASÉES SUR LE
MARCHÉ ET DES TECHNO-RÉPARERS RISQUÉES. Deux ans après le début d'une
pandémie mondiale qui a coûté la vie à des millions de personnes,
l'humanité se réveille chaque jour avec des inondations, des incendies
et des sécheresses sans précédent qui causent des famines, ainsi qu'un
temps totalement imprévisible qui rend la vie de plus en plus difficile.
Les dirigeants allèguent que « l'activité humaine générale » est à
l'origine du chaos climatique, en passant sous silence les liens étroits
entre l'extraction des combustibles fossiles, l'agro-industrie et le
complexe militaro-industriel, sans parler des déséquilibres de pouvoir à
l'échelle mondiale et des responsabilités historiques des pays qui se
sont enrichis grâce au pillage colonial. Au lieu de nous proposer une
voie véritable et transformatrice, on nous vend de fausses solutions qui
ne manquent jamais de donner la priorité aux élites des entreprises --
« net zéro », « solutions basées sur la nature », « géo-ingénierie » et
«numérisation de l'agriculture » pour n'en citer que quelques-unes. IL
FAUT QUE CELA CESSE, IMMÉDIATEMENT !
POUR METTRE UN TERME À LA CRISE CLIMATIQUE, IL FAUT UN CHANGEMENT DE
SYSTÈME ANCRÉ DANS LES DROITS DE L’HUMANITÉ ET DE LA TERRE MÈRE. Pendant
plus de 500 ans, le système alimentaire patriarcal, à l'origine colonial
et aujourd'hui corporatif, a tenté de dominer toutes les formes de vie
pour l'enrichissement d'une petite minorité. Ceux qui contrôlent les
richesses accumulées -- produites par les gens et la planète au fil des
siècles -- ont jusqu'à présent échappé aux foudres des inondations, des
sécheresses, des sols dégradés, de la guerre et de la faim. Ils font fi
des nombreux signes de l'effondrement des systèmes naturels qui
entretiennent la vie et ils proposent plutôt que ce soit nous, les
victimes les plus vulnérables, qui portions le plus lourd fardeau. Pour
la Via Campesina (LVC) et notre diversité organisée de femmes et
d'hommes paysans, migrants, travailleurs de la terre, pêcheurs,
habitants des forêts, du monde rural, jeunes et autres, notre solution à
la crise climatique est une transition juste ancrée dans la lutte et la
solidarité -- une solidarité internationaliste avec tous ceux et celles
qui luttent pour la souveraineté alimentaire, la justice climatique et
les droits de la Terre Mère ! C'est une lutte pour la pleine réalisation
de tous les droits et responsabilités détaillés dans la Déclaration des
Nations unies sur les Droits des paysannes et Autres Personnes
Travaillant dans les Zones Rurales (UNDROP) [1], en particulier le droit
à un environnement propre, sûr et sain (article 18) récemment ratifié
par le Conseil des droits de l'homme des Nations unies pour l'ensemble
de l'humanité [2]. Il s'agit également d'une lutte contre la mainmise
des entreprises sur les espaces de l'ONU par le biais du modèle
"multiples parties prenantes", mieux connu sous le nom de "capitalisme
des parties prenantes", dont tout le monde a été témoin lors du Sommet
des Nations unies sur le système alimentaire de 2021 et, de plus en
plus, lors des COP des Nations unies sur le climat.
Alors que nous nous préparons à une autre conférence douloureuse de
l'ONU sur le climat -- la COP26 de Glasgow -- les 200 millions de
défenseurs de la terre, de l'eau et du territoire de LVC se lèvent à
nouveau pour EXIGER LA SOUVERAINETÉ ALIMENTAIRE POUR LA JUSTICE
CLIMATIQUE. NOUS REJOIGNONS UNE LARGE CONVERGENCE de luttes contre le
capitalisme des combustibles fossiles, le racisme, le colonialisme, et
le patriarcat qui les lie. Alors que nous luttons pour rendre les
entreprises responsables de cette destruction inutile, NOUS SOMMES FIERS
DE LA LWA (ALLIANCE DES TRAVAILLEURS DE LA TERRE) -- notre organisation
membre de LVC basée en Écosse, en Angleterre et au Pays de Galles. La
LWA travaille sans relâche pour faire entendre la voix des travailleurs
de la terre agroécologiques à la COP26 en demandant « la reconnaissance
de la contribution que l'agriculture agroécologique, la foresterie
durable et une meilleure utilisation des terres peuvent apporter à nos
engagements de réduction des émissions, de séquestration du carbone et
de renforcement de la résilience. »
Que les entreprises se méfient, les travailleurs de la terre du monde
entier ont de vraies solutions : DES SYSTÈMES ALIMENTAIRES, AGRICOLES ET
FORESTIERS AU SERVICE DES POPULATIONS, DU CLIMAT ET DE LA NATURE ! [3]
Aux côtés de notre LWA et de tous ceux qui luttent pour une transition
juste, nous créerons à nouveau un front commun pour contrer toute
tentative de convertir la Convention-cadre des Nations unies sur les
changements climatiques (CCNUCC) en un gigantesque « mécanisme de
marché. » LE CAPITALISME CLIMATIQUE EST UN CRIME, PAS LA SOLUTION !
COP26 : PLUS DE MÉCANISMES DE MARCHÉ NE RÉSOUDRONT PAS LES PROBLÈMES DES
GENS
Un prolongement de l'industrie des combustibles fossiles, le système
alimentaire transnational est l'un des principaux responsables de la
crise climatique, puisqu'il est à l'origine de 44 à 57 % des émissions
mondiales de GES. Ce système éloigne les gens de la terre, dégrade les
communautés et alimente la violence et les inégalités dans tous les
territoires du monde. Il est particulièrement néfaste pour les femmes et
les jeunes dont la vie et le travail sont minés par un système qui ne
valorise pas la vie.
Bien avant la COP21 à Paris, les multinationales de l'agroalimentaire et
des énergies fossiles utilisaient déjà leur pouvoir et leur influence
pour promouvoir des politiques aux plans national, infranational et
mondial. L'Accord de Paris de 2015 a créé une sorte de « consensus »
autour de plusieurs fausses solutions très problématiques. LES
MÉCANISMES D’ÉCHANGE ET DE COMPENSATION DES ÉMISSIONS DE CARBONE
CONTENUS DANS L’ARTICLE 6, PAR EXEMPLE, accorderont un pouvoir important
aux gouvernements, aux sociétés, aux banquiers et aux négociants riches
dont l'objectif premier est de maximiser les profits et non de prendre
soin de la Terre Mère. Au lieu de prendre des mesures décisives pour
s'adapter aux changements climatiques et s'engager dans une transition
honnête vers des systèmes alimentaires démocratiques et fondés sur les
droits de l'homme, CES PUISSANTS ACTEURS UTILISENT LES ENGAGEMENTS « NET
ZÉRO » POUR CACHER LEUR INACTION CLIMATIQUE.
Le « net zéro » permet aux entreprises de se soustraire à leurs
responsabilités en matière d'émissions historiques et continues, en
donnant la priorité aux initiatives qui favorisent les résultats de
l'entreprise. Partout où les entreprises font la promotion de "solutions
basées sur la nature" (NBS en anglais), nous mettons en garde contre la
dépossession de la nature par le biais de systèmes de compensation des
émissions de carbone des forêts et des sols, fondés sur l'idée fausse
que payer quelqu'un d'autre pour s'occuper des émissions de carbone au
lieu d'agir directement pour réduire la pollution ralentira en quelque
sorte la crise. Pour combattre la crise climatique, il faut une
transition juste vers l'abandon des combustibles fossiles, la fin de
l'exploitation minière et de l'agriculture extractive destructrices, et
la récupération des territoires et des écosystèmes endommagés. Nos
solutions - qui sont véritablement fondées sur la nature,
agroécologiques et contrôlées par les paysans - sont des solutions
justes. AUCUNE « LICORNE DU CARBONE » NI AUCUNE PENSÉE MAGIQUE NE
RÉSOUDRA CE PROBLÈME, IL SUFFIT D’AGIR IMMÉDIATEMENT POUR CHANGER LE
SYSTÈME.
De plus, nous pensons que « l'agriculture intelligente pour le climat, »
devrait plutôt s'appeler « l'agriculture intelligente des entreprises »,
car elle fournit un cadre pour l'intégration des OGM et des produits
agrochimiques dans l'agriculture à petite échelle, en s'appuyant sur le
même paradigme raciste et sexiste que la révolution verte. Elle
positionne la science et la technologie capitalistes comme des solutions
aux problèmes rencontrés par le « sous-développement » et les paysans
supposés « non éduqués » du monde. Ces problèmes originaux ont été créés
par le capitalisme mondial, le vol, le pillage colonial, les guerres et
la violence généralisée.
Alors que de nombreuses fausses solutions corporatives adoptent le
langage de l'agroécologie paysanne, nulle part ne sont affirmés ou
garantis les droits fondamentaux à une alimentation locale et nutritive,
à des moyens de subsistance dignes, à la terre et à l'autodétermination.
Ce qui est garanti, ce sont des cycles d'accumulation sans fin qui
profitent à ceux qui sont à l'origine de la crise climatique, notamment
les grandes entreprises agroalimentaires comme John Deere,
Bayer-Monsanto, Syngenta, Cargill, Nestlé, Wal-Mart et d'autres.
LA TRANSITION EST MAINTENANT ! LA SOUVERAINETÉ ALIMENTAIRE NOURRIT LA
JUSTICE CLIMATIQUE !
LES TRAVAILLEURS DE LA TERRE ET AUTRES PRODUCTEURS ALIMENTAIRES DU
MONDE ENTIER EXIGENT – ET SONT PRÊTS À RÉALISER – UNE TRANSITION
CLIMATIQUEMENT JUSTE DANS L’AGRICULTURE ! Pendant des décennies, les
producteurs alimentaires locaux ont été poussés sur la voie de
l'intensification et de la monoculture par les entreprises
agroalimentaires et leurs alliés. Le Sommet des Nations Unies sur le
système alimentaire de 2021, qui a été coopté, n'en est qu'un exemple de
plus. Ce dont les gens et la planète ont besoin de toute urgence, c'est
de gouvernements et d'institutions offrant des possibilités financées
par des fonds publics pour assurer la transition vers des systèmes
agricoles plus écologiques et socialement sains. Pendant trop longtemps,
les agriculteurs ont été tenus responsables d'un modèle imposé par le
capital. Cela doit cesser maintenant ! La société doit reconnaître que
nos systèmes d'agriculture, d'eau et d'utilisation des terres sont ce
qu'ils sont aujourd'hui en raison de pressions systémiques. Alors que
nous nous éloignons du capitalisme fondé sur les combustibles fossiles,
nous ne devons pas perdre d'agriculteurs, détruire les moyens de
subsistance ou la capacité de production alimentaire saine. Le soutien
des gouvernements en matière de subventions et de programmes de
formation pour soutenir la transition est essentiel, et cette transition
juste en agriculture doit être centrée sur les principes de la justice
climatique. CELA SIGNIFIE QUE TOUS CEUX QUI SONT IMPLIQUÉS DANS LA
CHAÎNE ALIMENTAIRE – Y COMPRIS LES PAYSANS, LES ÉLEVEURS, LES
TRAVAILLEURS MIGRANTS, LES TRAVAILLEURS CONTRACTUELS, LES SANS-TERRE ET
LES PEUPLES AUTOCHTONES – DOIVENT ÊTRE AU PREMIER PLAN POUR DÉFINIR ET
METTRE EN ŒUVRE LES POLITIQUES PUBLIQUES NÉCESSAIRES À CETTE TRANSITION.
EN TANT QUE LA VIA CAMPESINA, NOUS APPELONS À LA FIN DE TOUTES LES
FAUSSES SOLUTIONS ET DES MÉCANISMES DE MARCHÉ DE L’ARTICLE 6. Nous
appelons à une transition juste vers le vrai zéro, et non vers les plans
de marketing des entreprises qui se cachent derrière le « net zéro. » En
même temps, et c'est de la plus haute importance, nous appelons toutes
les anciennes puissances coloniales à assumer leurs responsabilités
historiques et à réduire drastiquement les émissions à la source,
maintenant, y compris par un retrait immédiat de leur présence militaire
dans le monde ! LA VIA CAMPESINA EST SOLIDAIRE DES VICTIMES DE TOUTES
LES GUERRES, SANCTIONS ET OCCUPATIONS - qu'il s'agisse des mutilés et
des assassinés de Palestine, d'Irak et d'Afghanistan ou des pauvres, des
travailleurs et des indigènes des Etats-Unis qui manquent d'hôpitaux,
d'écoles et de pain quotidien. POUR LA SOUVERAINETÉ ALIMENTAIRE, LES
DROITS DE L’HOMME ET LA TERRE MÈRE – DÉSINVESTIR DE LA MACHINE DE GUERRE
!
Les voies pour atteindre la justice climatique doivent être radicalement
différentes de celles qui ont produit la crise. L’AGROÉCOLOGIE PAYSANNE
ET LA SOUVERAINETÉ ALIMENTAIRE peuvent « nourrir le monde et refroidir
la planète ! » Elles offrent la possibilité très réelle de réduire les
émissions et de réaliser la justice sociale, les droits des personnes et
de la planète. Un système alimentaire basé sur la souveraineté
alimentaire et des systèmes alimentaires locaux, alimentés par des
agriculteurs familiaux pratiquant l'agroécologie paysanne, peut
véritablement transformer la société tout en réduisant les émissions de
gaz à effet de serre de manière spectaculaire et beaucoup plus
rapidement que toutes les fausses solutions vendues par les entreprises.
Tout cela peut se faire sans marchandiser le carbone tout en contribuant
à renforcer les solutions démocratiques de base à la pauvreté, à la faim
et à la violence.
LES DÉFENSEURS DE LA TERRE, DE L’EAU ET DES TERRITOIRES AGROÉCOLOGIQUES
DU MONDE ENTIER S’UNISSENT ! Avec les producteurs de denrées
alimentaires au premier plan de notre convergence mondiale pour une
souveraineté alimentaire qui nourrit la justice climatique, la vie
l'emportera sur la mort !
LA TRANSITION EST MAINTENANT !
LA SOUVERAINETÉ ALIMENTAIRE NOURRIT LA JUSTICE CLIMATIQUE !
MONDIALISONS LA LUTTE ! MONDIALISONS L’ESPOIR !
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Pour les demandes de presse, veuillez contacter lvcweb(a)viacampesina.org
Links:
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[1]
https://viacampesina.org/wp-content/uploads/2020/04/UNDROP-Book-of-Illustra…
[2] https://news.un.org/fr/story/2021/10/1105902
[3]
https://landworkersalliance.org.uk/wp-content/uploads/2021/04/COP-climate-j…
#16OCT – LA VIA CAMPESINA : "NOTRE TÂCHE HISTORIQUE EST DE FAIRE EN
SORTE QU'AUCUN ÊTRE HUMAIN NE SOUFFRE DE LA FAIM"
COMMUNIQUÉ DE PRESSE
(Harare, le 15 octobre 2021) Dans le cadre du 16 octobre - Journée
Mondiale d'Action pour la Souveraineté Alimentaire des peuples et contre
les sociétés multinationales, et dans le contexte de la commémoration
des 25 ans pour la souveraineté alimentaire [1] - nous continuons de
revendiquer celle-ci comme une philosophie de vie, et une proposition
politique concrète et légitime face à la crise alimentaire, sociale et
environnementale que le monde est entrain de traverser. Notre tâche
historique est de garantir qu'aucun être humain ne souffre de la faim :
comme nous l'avons affirmé, en tant que mouvement, dans notre récente
déclaration officielle de La Via Campesina "La Souveraineté Alimentaire,
un manifeste pour l'avenir de notre planète" [2].
Toutefois, le récent rapport de l'Organisation des Nations unies pour
l'Alimentation et l'Agriculture (FAO) intitulé "L'état de la Sécurité
Alimentaire et de la Nutrition dans le Monde en 2021 [3]" indique qu'en
2020, 30 % de la population mondiale, soit environ 2,3 milliards de
personnes, n'auront pas accès à une alimentation adéquate. Le rapport
mentionne également que 12 % de la population mondiale, soit 928
millions de personnes, ont souffert d'une grave insécurité alimentaire
durant l'année de la pandémie, soit 148 millions de plus qu'en 2019.
La lutte contre la faim dans le monde est une tâche qui incombe autant
aux paysan⋅nes, qu'aux les États et à la société civile. La faim n'est
pas seulement liée au manque de nourriture, mais aussi à la
concentration et à l'inégale répartition des richesses. Elle est liée à
des problèmes d'approvisionnement et à un système de prix subventionné
pour les aliments industriels qui a de ses lourdes répercussions
sociales et environnementales. Le modèle alimentaire industriel,
l'agrobusiness et les politiques néolibérales, qui reposent sur
l'exploitation des travailleurs et des travailleuses, ainsi que des
ressources naturelles, génèrent de sévères problèmes sociaux tels que la
pauvreté, la faim, le chômage, la criminalisation, la migration et la
violence dans de nombreux pays.
Le modèle alimentaire industriel est clairement inefficace et non
durable, dominé par une poignée de sociétés transnationales qui
considèrent la nourriture comme un produit sur lequel on peut spéculer
et comme une source inépuisable de profits.
En tant que mouvement paysan, nous avons la responsabilité de produire
de la nourriture, mais nous savons qu'il ne suffit pas seulement d'avoir
de la nourriture ; Nous devons aussi garantir une nourriture saine et
dépourvue de poison, qui garantisse la santé et la vie de l'humanité et
de la nature. Générer des relations équitables entre les producteurs,
productrices, les consommateurs, consommatrices et l'environnement. Nous
avons besoin de politiques publiques claires et que les droits de celles
et ceux qui cultivent et nourrissent la population soient appliqués,
droits aujourd'hui reconnus par la déclaration des Nations unies sur les
droits des paysans [4]. En effet, il n'est possible d'atteindre la
souveraineté alimentaire qu'à travers une réforme agraire, sans
criminalisation des luttes et avec des terres distribuées aux peuples
vivant des eaux, des champs, des forêts.
Comme nous l'avons dénoncé devant le sommet des Nations unies sur les
systèmes alimentaires [5], l'alimentation n'est pas un terrain de jeu,
mais bien un enjeu de nombreux rapports de pouvoir. Or, avec
l'alimentation c'est l'avenir possible et durable pour l'humanité dont
il est question. C'est pourquoi nous devons être attentif⋅ves et prêt⋅es
à se mobiliser. Plus que jamais, les États doivent investir pour que le
monde rural soit toujours plus vivant, avec des paysans et paysannes qui
puissent nourrir les populations et qu'ils et elles ne soient pas au
service de la globalisation alimentaire, des multinationales et du
marché mondial. La souveraineté alimentaire lutte pour la vie, pour la
protection des territoires et des personnes qui les habitent, à travers
la solidarité, la justice sociale et environnementale.
Comme nous l'avons déjà souligné, l'alimentation est un droit humain
fondamental qui, en plus de garantir la santé, revendique une nutrition
appropriée et une vie digne pour les peuples. Construire des systèmes
alimentaires diversifiés, justes et viables reposant sur la souveraineté
alimentaire et la production Agroécologique, est indispensable pour le
présent et l'avenir de l'humanité. Il est impossible que nous fassions
marche arrière sur des droits aussi fondamentaux que l'alimentation, au
beau milieu des crises que nous sommes en train de vivre actuellement.
Ce 16 octobre, nous dénonçons les réseaux d'intérêts privés qui mettent
en danger la souveraineté et la sécurité alimentaire des peuples du
monde entier.
La nourriture n'est pas un jeu et la covid-19 a contraint plus de 120
millions de personnes à figurer sur les listes de la faim chronique. La
paysannerie, en alliance avec des organisations du monde rural, des
forêts, de l'eau et des villes, a de vraies solutions fondées sur la
souveraineté alimentaire comme terrain fertile pour les transformations
sociales, environnementales et politiques.
LA SOUVERAINETÉ ALIMENTAIRE, C'EST LA TERRE, L'EAU, LES SEMENCES, LE
PAIN ET LA SOLIDARITÉ !
Demain, samedi 16 octobre, rejoignez des centaines d'actions
décentralisées dans le monde entier, participez à notre Festival de la
Souveraineté Alimentaire - 25 ans à construire l'avenir organisé par La
Via Campesina et ses alliés.
Les contacts de presse : lvcweb(a)viacampesina.org
Links:
------
[1]
https://viacampesina.org/fr/vingt-cinq-ans-de-conviction-et-dengagement-pou…
[2]
https://viacampesina.org/fr/la-souverainete-alimentaire-un-manifeste-pour-l…
[3] https://www.fao.org/state-of-food-security-nutrition/2021/fr/
[4] https://viacampesina.org/fr/illustrations-droitspaysans/
[5]
https://viacampesina.org/fr/le-sommet-des-nations-unies-sur-les-systemes-al…
LA SOUVERAINETÉ ALIMENTAIRE, UN MANIFESTE POUR L'AVENIR DE NOTRE PLANÈTE
13 OCTOBRE 2021 SOUVERAINETÉ ALIMENTAIRE [1]
_DÉCLARATION OFFICIELLE DE LA VIA CAMPESINA, A L'OCCASION DES 25 ANS DE
NOS LUTTES COLLECTIVES POUR LA SOUVERAINETÉ ALIMENTAIRE_
La souveraineté alimentaire est une philosophie de vie.
Elle définit les principes autour desquels nous organisons notre vie
quotidienne et coexistons avec la Terre-Mère. C'est une célébration de
la vie et de toute la diversité qui nous entoure. Elle embrasse chaque
élément de notre cosmos ; Le ciel au-dessus de nos têtes, la terre sous
nos pieds, l'air que nous respirons, les forêts, les montagnes, les
vallées, les fermes, les océans, les rivières et les étangs. Elle
reconnaît et protège l'interdépendance entre huit millions d'espèces qui
partagent cette maison avec nous.
Nous avons hérité cette sagesse collective de nos ancêtres, qui ont
labouré la terre et pataugé dans les eaux pendant 10 000 ans, période au
cours de laquelle nous avons évolué vers une société agraire. La
souveraineté alimentaire promeut la justice, l'égalité, la dignité, la
fraternité et la solidarité. La souveraineté alimentaire est aussi la
science de la vie, construite à travers des réalités de vies réparties
sur d'innombrables générations, chacune enseignant quelque chose de
nouveau à sa progéniture, inventant de nouvelles méthodes et techniques
qui s'harmonisent avec la nature.
En tant que détenteurs de ce riche patrimoine, il est de notre
responsabilité collective de le défendre et de le préserver.
Reconnaissant cela comme notre devoir (en particulier à la fin des
années 90, lorsque les conflits, la faim aiguë, le réchauffement
climatique et l'extrême pauvreté étaient trop visibles pour être
ignorés) La Via Campesina (LVC) a introduit le paradigme de la
souveraineté alimentaire dans les espaces internationaux d'élaboration
des politiques. LVC a rappelé au monde que cette philosophie de vie doit
guider les principes de notre vie commune.
Les années 80 et 90 ont été une ère d'expansion capitaliste débridée, à
un rythme jamais vu auparavant dans l'histoire de l'humanité. Les villes
s'étendaient, se développant aux dépens d'une main-d'œuvre bon marché,
non rémunérée et sous-payée. La campagne était plongée dans l'oubli. Les
communautés rurales et les modes de vie ruraux ont été balayés par une
nouvelle idéologie qui voulait faire de chacun⋅e un⋅e simple
consommateur, consommatrice de choses et un objet d'exploitation à but
lucratif. La culture et la conscience populaires étaient sous le charme
de publicités scintillantes, incitant les gens à « acheter plus ».
Cependant, dans tout cela, ceux et celles qui produisaient (la classe
ouvrière dans les zones rurales, les côtes et les villes, qui comprenait
les paysan⋅nes et d'autres petits producteurs et productrices
alimentaires) restaient invisibles, tandis que ceux et celles qui
pouvaient se permettre de consommer à loisir occupaient le devant de la
scène. Poussés à la limite, les travailleurs et travailleuses paysans[1]
[2] et les communautés indigènes du monde entier ont reconnu la
nécessité urgente d'une réponse organisée et internationaliste à cette
idéologie mondialiste et libérale propagée par les défenseurs de l'ordre
mondial capitaliste.
LA SOUVERAINETÉ ALIMENTAIRE EST DEVENUE L'UNE DES EXPRESSIONS DE CETTE
RÉPONSE COLLECTIVE.
Au sommet mondial de l'alimentation de 1996, lors d'un débat sur la
façon dont nous organisons nos systèmes alimentaires mondiaux, La Via
Campesina a inventé ce terme afin d'insister sur l'importance des petits
producteurs et productrices alimentaires, la sagesse accumulée des
générations, l'autonomie et la diversité des communautés rurales et
urbaines et la solidarité entre les peuples, comme des éléments
essentiels pour élaborer des politiques autour de l'alimentation et de
l'agriculture.
Au cours de la décennie suivante, les mouvements sociaux et les acteurs
de la société civile ont travaillé ensemble pour la définir davantage _«
comme le droit des peuples à une alimentation saine et culturellement
appropriée, produite par des méthodes écologiquement saines et durables,
et leur droit de définir leurs propres systèmes alimentaires et
agricoles. Cela place les aspirations et les besoins de celles et ceux
qui produisent, distribuent et consomment des aliments au cœur des
systèmes et des politiques alimentaires, plutôt que les demandes des
marchés et des entreprises. »_
L'INTRODUCTION DE LA SOUVERAINETÉ ALIMENTAIRE EN TANT QUE DROIT
COLLECTIF A CHANGÉ LA FAÇON DONT LE MONDE COMPRENAIT LA PAUVRETÉ ET LA
FAIM.
Jusque-là, en particulier dans les premières années du 21ème siècle, une
conception étroite de « sécurité alimentaire » dominait les cercles de
gouvernance et d'élaboration des politiques. Noble dans son intention,
la sécurité alimentaire traitait les personnes touchées par la faim
comme des objets de compassion, les réduisant à des consommateurs
passifs et consommatrices passives d'aliments produits provenant
d'ailleurs. Même si la sécurité alimentaire, reconnaissait
l'alimentation comme un droit humain fondamental, elle ne défendait pas
les conditions objectives de production alimentaire. Qui produit ? Pour
qui ? Comment ? Où ? Et pourquoi ? Toutes ces questions étaient absentes
et l'accent était résolument mis sur simplement « nourrir les peuples ».
L'accent mis ouvertement sur la sécurité alimentaire des populations a
ignoré les conséquences dangereuses de la production alimentaire
industrielle et de l'agriculture industrielle, fondées sur la sueur et
la main-d'œuvre des travailleurs et travailleuses migrantes.
La souveraineté alimentaire, en revanche, propose une refonte radicale.
Elle reconnaît les personnes et les communautés locales comme les
principaux acteurs et actrices de la lutte contre la pauvreté et la
faim. Elle appelle à des communautés locales fortes et défend leur droit
de produire et de consommer avant de commercialiser l'excédent. Elle
exige l'autonomie et des conditions objectives d'utilisation des
ressources locales, appelle à la réforme agraire et à la propriété
collective des territoires. Elle défend les droits des communautés
paysannes à utiliser, garder et échanger des semences. Elle défend le
droit des personnes à manger des aliments sains et nutritifs. Elle
encourage les cycles de production agroécologiques, respectant les
diversités climatiques et culturelles de chaque communauté. La paix
sociale, la justice sociale, la justice de genre et les économies
solidaires sont des conditions préalables essentielles pour atteindre la
souveraineté alimentaire. Elle appelle à un ordre commercial
international basé sur la coopération et la compassion, contrairement à
la concurrence et la coercition. Elle appelle à une société qui rejette
la discrimination sous toutes ses formes (caste, classe, race et sexe)
et qui pousse les gens à lutter contre le patriarcat et l'esprit de
clocher. Un arbre n'est fort que si ses racines le sont. La souveraineté
alimentaire, définie par les mouvements sociaux dans les années 90 et
par la suite au Forum de Nyéléni au Mali en 2007, vise à faire justement
cela.
CETTE ANNÉE NOUS CÉLÉBRONS LES 25 ANS DE CETTE CONSTRUCTION COLLECTIVE.
Le monde est loin d'être parfait. Même face à des inégalités sans
précédent, à la montée de la faim et de l'extrême pauvreté, le
capitalisme et l'idéologie du marché libre continuent de dominer les
cercles politiques. Encore pire, de nouvelles tentatives sont également
faites pour imaginer un avenir numérique, avec de l'agriculture sans
agriculteurs ni agricultrices, de la pêche sans pêcheurs ou pếcheuses,
le tout sous couvert de numérisation de l'agriculture et de création de
nouveaux marchés pour les aliments synthétiques.
Malgré tous ces défis, le mouvement pour la souveraineté alimentaire,
qui est maintenant beaucoup plus étendu que La Via Campesina et se
compose de plusieurs acteurs et actrices, a fait des avancées
significatives.
Grâce à nos luttes communes, les institutions de gouvernance mondiale
telles que la FAO[2] [3] en sont venues à reconnaître la centralité de
la souveraineté alimentaire des peuples dans l'élaboration des
politiques internationales. La déclaration des Nations unies sur les
droits des paysans et des autres personnes travaillant dans les zones
rurales insiste à nouveau sur ce point dans l'Article 15.4, lorsqu'il
déclare : _« Les paysans et autres personnes travaillant dans les zones
rurales ont le droit de déterminer leurs propres systèmes alimentaires
et agricoles, reconnus par de nombreux États et régions comme droit à la
souveraineté alimentaire. Cela inclut le droit de participer aux
processus de prise de décisions sur la politique alimentaire et agricole
et le droit à une alimentation saine et adéquate produite par des
méthodes écologiquement saines et durables qui respectent leurs
cultures. »_
Certaines nations ont également accordé une reconnaissance
constitutionnelle à la souveraineté alimentaire. Les perturbations
causées par la pandémie de COVID-19 dans les chaînes alimentaires
industrielles ont rappelé aux gouvernements nationaux l'importance de
créer des économies locales solides.
L'agroécologie paysanne, qui est fondamentale pour assurer la
souveraineté alimentaire de nos territoires, est désormais reconnue à la
FAO comme essentielle pour notre lutte contre le réchauffement
climatique. Les rapporteurs spéciaux actuels et précédents des Nations
unies ont soutenu la souveraineté alimentaire comme une idée simple mais
puissante qui peut transformer le système alimentaire mondial en
favorisant les petits producteurs et productrices alimentaires. Les
campagnes menées par les mouvements sociaux ont également permis de
remporter plusieurs victoires juridiques contre des entreprises
produisant des agrotoxiques et des semences chimiques et transgéniques.
POURTANT, CE QUI NOUS ATTEND EST UNE ROUTE SEMÉE DE NOMBREUX OBSTACLES.
Les champion⋅nes de l'ordre mondial capitaliste se rendent compte que la
souveraineté alimentaire est une idée qui empiète sur leurs intérêts
financiers. Ils et elles préfèrent un monde de monoculture et de goûts
homogènes, où la nourriture puisse être produite en masse en utilisant
une main-d'œuvre bon marché dans des usines lointaines, sans tenir
compte de ses impacts écologiques, humains et sociaux. Ils et elles
préfèrent les économies d'échelle aux économies locales robustes. Ils et
elles préfèrent un marché mondial libre (basé sur la spéculation et la
concurrence acharnée) à des économies solidaires qui nécessitent des
marchés territoriaux plus robustes (marchés paysans locaux) et une
participation active des producteurs et productrices alimentaires
locaux. Ils et elles préfèrent avoir des réserves foncières où
l'agriculture contractuelle à l'échelle industrielle puisse remplacer
les petits producteurs et productrices. Ils et elles injectent dans
notre sol des produits agrotoxiques pour de meilleurs rendements à court
terme, ignorant les dommages irréversibles sur la santé des sols. Leurs
chalutiers vont parcourir à nouveau les océans et les rivières, pêchant
des poissons pour le marché mondial tandis que les communautés côtières
meurent de faim. Ils et elles vont continuer d'essayer de détourner les
semences paysannes indigènes par le biais de brevets et de traités
semenciers. Les accords commerciaux qu'ils et elles élaborent visent à
nouveau à faire baisser les tarifs qui protègent nos économies locales.
Un exode de jeunes chômeurs et chômeuses, désertant les fermes des
villages et choisissant le travail salarié dans les villes, correspond
parfaitement à leur envie de trouver une offre régulière de main-d'œuvre
bon marché. Leur attention incessante sur les « marges » signifierait
qu'ils et elles trouveront tous les moyens de faire baisser les prix de
vente à la ferme, tout en négociant des prix plus élevés dans les
supermarchés de détail. En fin de compte, celles et ceux qui perdent
sont les gens, les producteurs et productrices ainsi que les
consommateurs et consommatrices. Celles et ceux qui résistent seront
criminalisées. Une coexistence heureuse de l'élite financière mondiale
avec des gouvernements autoritaires signifierait que même les plus
hautes institutions (nationales et mondiales) censées surveiller et
arrêter les violations des droits humains détourneront le regard. Les
milliardaires utiliseraient leurs fondations philanthropiques pour
financer des agences qui produisent des « rapports de recherche » et des
« journaux scientifiques » pour justifier cette vision d'entreprise de
nos systèmes alimentaires. Chaque espace de gouvernance mondiale, où les
mouvements sociaux et les membres de la société civile ont fait campagne
pour obtenir une place à la table, fera place à des conglomérats
d'entreprises qui entreront en scène en tant que « parties prenantes ».
Tous les efforts seront faits pour ridiculiser celles et ceux d'entre
nous qui défendent la souveraineté alimentaire comme étant non
scientifiques, primitifs ou primitives, peu pratiques et idéalistes.
Tout cela se produira, tel qu'il s'est produit au cours des deux
dernières décennies.
Rien de tout cela n'est nouveau pour nous. Celles et ceux qui sont
condamnées aux périphéries de nos sociétés par un système capitaliste
cruel et dévorant n'ont d'autre choix que de riposter. Nous devons
résister et montrer que nous existons. Il ne s'agit pas seulement de
notre survie, mais aussi des générations futures et d'un mode de vie
transmis de génération en génération. C'est pour l'avenir de l'humanité
que nous défendons notre souveraineté alimentaire.
Cela n'est possible que si nous insistons sur le fait que toute
proposition de politique locale, nationale ou mondiale sur
l'alimentation et l'agriculture doit s'appuyer sur les principes de la
souveraineté alimentaire, telle que définie par les mouvements sociaux.
Les jeunes paysan⋅nes, les travailleurs et travailleuses du mouvement
mondial doivent mener ce combat. Nous devons nous rappeler que la seule
façon de faire entendre notre voix est de nous unir et de construire de
nouvelles alliances à l'intérieur et au-delà de chaque frontière. Les
mouvements sociaux ruraux et urbains, les syndicats et les acteurs de la
société civile, les gouvernements progressistes, les universitaires, les
scientifiques et les passionné⋅es de la technologie doivent s'unir pour
défendre cette vision de notre avenir. Les femmes paysannes et toutes
les autres minorités de genre oppressées doivent trouver une place
d'égalité dans la direction de notre mouvement à tous les niveaux. Nous
devons semer les graines de la solidarité dans nos communautés et lutter
contre toutes les formes de discrimination qui maintiennent les sociétés
rurales divisées.
La souveraineté alimentaire propose un manifeste pour l'avenir, une
vision féministe qui embrasse la diversité. C'est une idée qui unit
l'humanité et nous met au service de la Terre-Mère qui nous nourrit.
Nous sommes uni⋅es pour sa défense.
MONDIALISONS LA LUTTE, MONDIALISONS L'ESPOIR.
#PASD'AVENIRSANSSOUVERAINETÉALIMENTAIRE
La Via Campesina
10 octobre 2021
Télécharger la déclaration en PDF [4]
-------------------------
[1] [5] Paysan⋅ne ici est un terme général utilisé pour
reconnaître les travailleurs et travailleuses sans terre, les ouvriers
et ouvrières agricoles, les pêcheurs, hommes et femmes, les migrant⋅es,
les éleveurs, éleveuses, les artisan⋅es alimentaires.
[2] [6] L'organisation des Nations unies pour l'alimentation et
l'agriculture
Links:
------
[1]
https://viacampesina.org/fr/pour-quoi-nous-luttons/souverainete-alimentaire…
[2]
https://viacampesina.org/fr/la-souverainete-alimentaire-un-manifeste-pour-l…
[3]
https://viacampesina.org/fr/la-souverainete-alimentaire-un-manifeste-pour-l…
[4]
https://viacampesina.org/fr/wp-content/uploads/sites/4/2021/10/FR_-25-Years…
[5]
https://viacampesina.org/fr/la-souverainete-alimentaire-un-manifeste-pour-l…
[6]
https://viacampesina.org/fr/la-souverainete-alimentaire-un-manifeste-pour-l…
IL N'Y A PAS D'AVENIR SANS SOUVERAINETÉ ALIMENTAIRE : LE TEMPS EST VENU
DE CHANGER NOS SYSTÈMES ALIMENTAIRES!
SOUVERAINETÉ ALIMENTAIRE : EAU, TERRE ET SEMENCES. PAIN ET SOLIDARITÉ!
APPEL À L'HUMANITÉ POUR AGIR EN FAVEUR DE LA SOUVERAINETÉ ALIMENTAIRE
Le 16 octobre, nous célébrerons les 25 ans de la définition par notre
mouvement du droit à la souveraineté alimentaire. Cette célébration et
ces réflexions de 25 ans ont lieu à un moment où la planète et
l'humanité sont confrontées à des crises sans précédent. Le changement
climatique (vagues de chaleur, sécheresses, inondations, etc.) ravage la
planète et la perte de biodiversité se produit à des niveaux
catastrophiques. La pollution est omniprésente et étouffe autant la vie
terrestre que marine. La faim, la pauvreté et les inégalités sont en
hausse.
La pandémie de COVID-19 a aggravé une situation déjà désastreuse. Nous
devons de toute urgence changer notre mode de vie pour nous adapter et
survivre. Le moment est venu de coordonner à l'échelle mondiale les
actions des populations rurales et urbaines afin de mettre en place des
systèmes alimentaires équitables et sains. La souveraineté alimentaire
est la solution pour transformer les systèmes alimentaires, mettre fin à
la faim et à la malnutrition et refroidir la terre, préserver la
biodiversité et respecter les droits des paysan⋅nes, des travailleurs et
des travailleuses ! Il n'y a pas d'avenir sans souveraineté alimentaire.
Les systèmes alimentaires mondiaux dominés par les multinationales ont
non seulement échoué mais sont également à l'origine de la plupart des
problèmes et des crises auxquels nous sommes confrontés aujourd'hui. Il
faut s'opposer avec force à la récente initiative des grandes
entreprises au Sommet des Nations unies sur les systèmes alimentaires
visant à ancrer leurs intérêts pour façonner les politiques en mettant
la main sur les espaces de la gouvernance alimentaire mondiale.
En octobre prochain, nous appelons nos membres, allié⋅es, ami⋅es,
militant⋅es et autres organisations de la société civile partageant les
mêmes idées à se mobiliser pour la souveraineté alimentaire et contre la
mainmise par les multinationales des systèmes de gouvernance
alimentaire. Dans toutes nos relations, ce sont les personnes, la
planète et non les profits qui devraient passer en premier.
Nous, paysan⋅nes, hommes et femmes, peuples autochtones, populations
rurales, travailleurs et travailleuses agricoles, jeunes des zones
urbaines et rurales, avons la solution - LA SOUVERAINETÉ ALIMENTAIRE ET
L'AGROÉCOLOGIE PAYSANNE.
UNISSONS-NOUS POUR RENDRE CELA POSSIBLE !
Nous ne pouvons construire et garantir un avenir avec la souveraineté
alimentaire que si nous nous unissons pour transformer notre société en
faisant ce qui suit :
* Agir dans votre ferme pour rendre visibles au monde les pratiques
de souveraineté alimentaire (échange de semences, organisation de foires
paysannes pour les producteurs, productrices, consommatrices et
consommateurs locaux, etc.).
* Adopter une ou plusieurs semences et commencer à cultiver sa propre
nourriture pour renforcer la production locale. Partagez une ou
plusieurs photos de cette action avec le
_#PASDEFUTURSANSSOUVERAINETÉALIMENTAIRE._
* Faire pression sur les gouvernements et les autorités locales pour
qu'ils donnent la priorité à la souveraineté alimentaire dans les
politiques publiques et mettent en œuvre la Déclaration des droits des
paysan⋅nes et des autres personnes travaillant dans les zones rurales
(UNDROP).
* S'engager dans une action directe, à partir du 1er octobre, pour
dénoncer les agro-entreprises et les multinationales qui affectent notre
mode de vie et violent nos droits et les dénoncer auprès de nos
communautés. Résistez à la mainmise des entreprises sur notre système
alimentaire ! (Partagez une ou plusieurs photos de votre action.).
* À la lumière de l'aggravation de la crise climatique, engageons-nous
dans plus d'activités de sensibilisation sur les médias sociaux afin de
donner une plus grande visibilité à notre solution
_#L'AGROÉCOLOGIERAFRAÎCHITLAPLANÈTE"_
* Solidarité par les dons alimentaires : Partageons la nourriture que
nous produisons avec ceux et celles qui sont dans le besoin dans nos
communautés
* Écrire et dessiner en faveur de la souveraineté alimentaire (voir
notre Appel aux artistes [1] et aux écrivains [2])
Envoyez-nous vos actions, images, posters et articles à notre courriel :
lvcweb(a)viacampesina.org, taguez-nous sur les médias sociaux : twitter
(@via_campesinaFR [3]), Instagram @la_via_campesina_official [4] et
FaceBook (@viacampesinaOFFICIAL [5]), afin de rendre visible à l'échelle
mondiale notre mobilisation collective pour une société meilleure fondée
sur la souveraineté alimentaire.
#PASDEFUTURSANSSOUVERAINETÉALIMENTAIRE
#SOUVERAINETÉALIMENTAIREMAINTENANT
SOUVERAINETÉ ALIMENTAIRE : EAU, TERRE ET SEMENCES. PAIN ET SOLIDARITÉ!
Links:
------
[1]
https://viacampesina.org/fr/appel-international-artistes-pour-la-souveraine…
[2]
https://viacampesina.org/fr/appel-a-articles-les-vingt-cinq-ans-du-concept-…
[3] https://twitter.com/viacampesinaFR
[4] https://www.instagram.com/la_via_campesina_official/
[5] https://www.facebook.com/viacampesinaOFFICIAL
LIBÉRONS-NOUS DE LA FAIM, DE LA PAUVRETÉ, DE LA DETTE ET DE LA MORT !
LIBÉRONS-NOUS DES ACCORDS DE LIBRE-ÉCHANGE !
9 SEPTEMBRE 2021 ACCORDS DE LIBRE ÉCHANGE [1], CAPITALISME
INTERNATIONAL ET LIBRE ÉCHANGE [2]
_La Via Campesina a fait du 10 septembre la Journée Internationale
d'Action de S olidarité contre l'OMC et les accords de libre-échange,
afin de commémorer le sacrifice du fermier coréen Lee Kyung Hae, qui
s'est poignardé à mort devant le lieu de la réunion ministérielle de
l'OMC à Cancun, au Mexique, en 2003. Son acte était une réaction de
désespoir et de colère face aux accords de libre-échange dirigés par
l'OMC qui ont conduit à une marginalisation totale des petits
producteurs de denrées alimentaires dans son pays et dans le monde
entier._
_ COMMUNIQUÉ DE PRESSE: JOURNÉE INTERNATIONALE D'ACTION DE SOLIDARITÉ
CONTRE L'OMC ET LES ACCORDS DE LIBRE-ÉCHANGE_
HARARE, LE 09 SEPTEMBRE 2021 : "La Faim Zéro d'ici à 2030" et
"l'Élimination de la Pauvreté sous toutes ses formes" partout dans le
monde figurent parmi les objectifs de développement durable que les
Nations Unies souhaitent atteindre d'ici à la fin de la décennie.
Pourtant, à partir de septembre 2021, deux tendances s'opposent à cet
objectif.
_PREMIÈREMENT, _lafaim est en hausse depuis 2015, et la dernière
estimation des personnes souffrant de la faim s'élève à 820 millions. La
majorité des personnes sous-alimentées dans le monde - 381 millions
[3]- se trouvent encore en Asie. Plus de 250 millions vivent en Afrique,
où le nombre de personnes sous-alimentées augmente plus rapidement que
partout ailleurs dans le monde. Bien qu'elles soient au coeur des
pratiques agricoles agressives menées par les multinationales, les pays
d'Amérique Latine et des Caraïbes abritent également près de 84 millions
de [4]personnes vivant dans une extrême pauvreté, confrontées à la faim
et à la malnutrition.
_DEUXIÈMEMENT, _en mai 2021, les prix alimentaires mondiaux ont augmenté
au rythme mensuel le plus rapide depuis plus de dix ans [FAO]. Une
flambée des prix internationaux des huiles végétales, du sucre et des
céréales est à l'origine de cette augmentation.
Et ce, bien que, chaque année, un tiers de l'ensemble des denrées
alimentaires produites - soit l'équivalent de 1,3 milliard de tonnes
d'une valeur d'environ 1 000 milliards de dollars - finisse par pourrir
dans les poubelles des consommateurs et des distributeurs ou par
s'abîmer en raison de mauvaises pratiques de transport et de récolte.
_IL EST CLAIR QUE LE SYSTÈME ALIMENTAIRE MONDIAL EST DÉFECTUEUX._
Une multitude d'accords de libre-échange multilatéraux, bilatéraux et
régionaux entre pays et continents constituent le pilier central de ce
système défaillant. Ces instruments ont permis à une multitude de
méga-corporations actives dans le domaine des semences, des intrants
agricoles, de la viande, des produits laitiers, de l'huile de palme, du
coton et des produits alimentaires transformés, d'accéder au marché des
pays économiquement développées et sous-développées du monde entier.
Cela a eu des conséquences dévastatrices pour le commerce local, les
marchés paysans et la souveraineté alimentaire des peuples.
La quasi-totalité de ces négociations de libre-échange sur l'agriculture
et la pêche s'inspirent de l'Accord sur l'Agriculture (AA) de l'OMC, qui
pose de nombreux problèmes. Ce cadre mondial prévoit essentiellement la
réduction des droits de douane à l'importation, le retrait des
subventions nationales et la suppression des stocks publics à des fins
de sécurité alimentaire. Il s'agit d'un modèle commercial dépassé du 20e
siècle qui sert les intérêts des entreprises au détriment des limites de
la planète et du bien-être des animaux et qui nous pousse vers des
inégalités sociales insoutenables. Le fait que l'agriculture
industrielle et les pratiques qui lui sont associées contribuent à près
de la moitié des émissions mondiales de gaz à effet de serre n'empêche
pas son expansion par le biais de ces accords commerciaux.
À ce jour, au moins 350 accords régionaux de libre-échange et plus de 3
000 traités bilatéraux d'investissement (TBI) sont en vigueur dans le
monde. Les TBI comprennent généralement le mécanisme controversé de
règlement des différends entre investisseurs et États (RDIE), qui permet
aux entreprises de poursuivre les gouvernements si elles estiment que de
nouvelles lois ou réglementations ont un impact négatif sur leurs
activités. Le RDIE repose sur l'arbitrage plutôt que sur les tribunaux
publics, et près de 1000 [5]litiges entre investisseurs et États ont
été menés contre des gouvernements par des entreprises du monde entier.
Les accords commerciaux réalisés dans le cadre d'accords de
libre-échange ou de traités d'investissement visent à exploiter la
main-d'œuvre bon marché et à implémenter des réglementations
environnementales et syndicales peu contraignantes dans les nations
économiquement moins développées. Les grandes puissances telles que les
États-Unis et l'Union Européenne poussent les autres pays à adopter
leurs normes en matière de propriété intellectuelle. Sous prétexte de
faciliter les affaires, la plupart des gouvernements finissent par
démanteler les mécanismes réglementaires nationaux qui offrent une
protection au commerce local, à la main-d'œuvre locale et aux ressources
naturelles.
En juin 2021, lors de la 100ème session du Comité des Accords
Commerciaux Régionaux. Ngozi Okonjo-Iweala, directrice générale de
l'OMC, a rappelé aux participants que l'objectif de l'OMC est de faire
augmenter les niveaux de vie, de créer des emplois et de promouvoir le
développement durable et le bien-être dans le monde entier.
Pourtant, au cours des cinq dernières décennies de leur existence, les
accords mondiaux de libre-échange n'ont fait qu'engendrer la faim, les
émeutes de la faim, les suicides d'agriculteurs, les crises climatiques,
l'extrême pauvreté et les migrations de détresse. L'acte désespéré de
Lee Kyung Hae, agriculteur sud-coréen, qui a sacrifié sa vie, juste
devant le lieu d'une réunion ministérielle de l'OMC à Cancun il y a
dix-huit ans, a exprimé de manière tragique ces crises dans les zones
rurales du monde entier.
Ces accords commerciaux ont ouvert la voie à la privatisation, à la
déréglementation et au retrait de l'obligation des États de fournir des
services publics essentiels à sa population. Ils ont eu un impact
dévastateur sur les zones rurales en particulier. Les femmes et les
enfants en sont les premières victimes, car la migration forcée les
oblige à fuir leurs villages et à travailler dans des conditions
inhumaines dans les villes. Dans tous les pays, la disponibilité et la
qualité des soins de santé et de l'éducation publique ont énormément
souffert au cours des cinq dernières décennies, en particulier dans les
zones rurales, privant ainsi les femmes, les enfants et les jeunes du
droit à une vie décente.
Malheureusement, au lieu d'écouter les voix des paysans, des populations
autochtones, des pêcheurs et des travailleurs agricoles migrants,
l'Organisation Mondiale du Commerce et les gouvernements riches
poursuivent leurs activités habituelles et appliquent ces politiques
comme si ces crises n'avaient jamais existé.
_LES GENS DU MONDE ENTIER SE MOBILISENT PLUS QUE JAMAIS._
Les agriculteurs indiens, qui manifestent dans les rues depuis neuf
mois, ont expliqué que les nouvelles lois agricoles visent à
corporatiser l'agriculture indienne et peuvent mettre en péril le
système de marchés publics du pays. Ils soulignent également les
nouvelles négociations commerciales qui se profilent à l'horizon (avec
les États-Unis et l'Union Européenne) et qui menacent leur souveraineté
alimentaire, leur autonomie et les normes de biosécurité relatives aux
aliments génétiquement modifiés. En Indonésie, en Thaïlande, au Japon,
aux Philippines et en Corée du Sud, les paysans résistent au CP-TPP, au
RCEP, au FTAAP-21 et à toute une série d'autres accords commerciaux
régionaux que les grandes puissances économiques mondiales comme les
États-Unis et la Chine sont en train de faire adopter. En Argentine, en
Équateur, au Kenya et en Zambie, les citoyens protestent contre la crise
de la dette induite par le FMI. L'accord UE-Mercosur se heurte à la
résistance des paysans et des organisations de la société civile des
deux côtés du spectre. Ils soulignent que dans les pays du Mercosur, la
production de soja, de sucre et de viande, par exemple, s'industrialise
de plus en plus, principalement en lien avec le modèle agressif orienté
vers l'exportation. Le bassin amazonien d'Amérique du Sud, essentiel
pour le climat et la biodiversité du monde entier, est contraint de
céder face à ce modèle.
Alors même que la pandémie sanitaire mondiale exige la solidarité et
l'empathie du monde entier, l'Europe et les États-Unis sont en première
ligne pour bloquer l'effort mené par l'Afrique du Sud et l'Inde au sein
de l'Organisation Mondiale du Commerce pour lever les protections de la
propriété intellectuelle des vaccins COVID-19 et d'autres outils.
Ceux qui résistent à ces accords commerciaux injustes sont opprimés et
criminalisés. La plupart des conflits agraires dans le monde aujourd'hui
résultent d'un accaparement des ressources naturelles par les
entreprises, souvent en connivence avec les gouvernements et les
autorités locales. Ces acquisitions forcées de nos territoires sont
généralement réalisées sur la base de ces accords commerciaux et
d'investissement négociés, signés et exécutés sans l'approbation ou la
participation des communautés paysannes et indigènes.
À quoi servent l'OMC et toute cette série d'accords de libre-échange
s'ils ne font que perpétuer cette habitude coloniale qui consiste à
soumettre la majorité de la population ? Ces accords de libre-échange,
souvent négociés à huis clos selon des procédures opaques, sont les
vestiges persistants de l'impérialisme et du néocolonialisme du XXIe
siècle.
La faim est réelle. La pauvreté rurale et la famine sont réelles. Les
pandémies sont réelles. L'inégalité face aux vaccins est réelle. La
migration forcée est réelle. Les crises climatiques sont réelles.
Savons-nous ce qu'il y a d'autre de réel ? En pleine crise alimentaire
et sanitaire mondiale, les actionnaires et les dirigeants de Nestlé se
sont octroyés un dividende record de [6]8 milliards de dollars, soit
plus que le budget annuel total du Programme Alimentaire Mondial des
Nations Unies ! Ces entreprises agroalimentaires ont été exposées et
dénoncées par les communautés du monde entier. Poussées à l'arrière-plan
par des protestations massives et des véridicts défavorables, ces
sociétés géantes entrent maintenant dans les espaces de gouvernance
mondiale et cooptent le langage des droits de l'homme avec une
agressivité redoublée, dans l'espoir de masquer leur conduite
criminelle. Le dernier exemple en date de cet effort de construction
d'image "verte" est le Sommet des Nations Unies sur les Systèmes
Alimentaires - une façade derrière laquelle les entreprises
agroalimentaires peuvent cacher leurs innombrables violations des droits
de l'homme et leurs pratiques commerciales déloyales.
Face à l'extrême détresse humaine, la faim et la pauvreté, nous devons
lutter contre cette vulgarité du capitalisme et du néolibéralisme. Dans
son article 16, la _Déclaration des Nations Unies sur les droits des
paysans et autres personnes travaillant dans les zones rurales (UNDROP)
_affirme que les États doivent prendre des mesures appropriées pour
renforcer et soutenir les marchés locaux, nationaux et régionaux. Ils
doivent le faire de telle façon à faciliter et à garantir notre accès et
notre participation de manière intégrale et équitable à ces marchés,
afin de vendre nos produits à des prix qui leur permettent, à eux et à
leurs familles, d'atteindre un niveau de vie adéquat. Nos luttes dans
nos territoires doivent puiser leur force dans la Déclaration des Droits
des Paysans et exiger des politiques publiques qui soient en accord avec
l'UNDROP.
Alors que nous marquons cette journée internationale d'action de
solidarité contre l'OMC et les accords de libre-échange, La Via
Campesina rappelle les derniers mots du fermier Lee à Cancun: "Mon
avertissement s'adresse à tous les citoyens : les êtres humains sont
dans une situation de danger. Les multinationales sans scurpule et un
petit nombre d'acteurs importants de l'OMC mènent une mondialisation
indésirable qui est inhumaine, nuisible pour l'environnement, meurtrière
pour les agriculteurs et antidémocratique."
En tant que La Via Campesina, nous devons rester attentifs à la 12ème
réunion ministérielle de l'OMC qui se tiendra à Genève à partir du
30novembre. Nous poursuivrons nos revendications pour écarter l'OMC et
les accords de libre-échange de l'agriculture ! Nous insisterons sur un
système commercial mondial qui respecte la dignité des peuples et se
base sur la solidarité et la réciprocité au-delà des frontières.
RÉSISTEZ AUX ACCORDS DE LIBRE-ÉCHANGE !
L'OMC HORS DE L'AGRICULTURE !
On exige un commerce solidaire, maintenant !
Links:
------
[1]
https://viacampesina.org/fr/contre-quoi-nous-luttons/capitalisme-internatio…
[2]
https://viacampesina.org/fr/contre-quoi-nous-luttons/capitalisme-internatio…
[3] https://www.un.org/sustainabledevelopment/hunger/
[4] http://www.fao.org/americas/noticias/ver/en/c/1293339/
[5] https://www.bilaterals.org/?what-s-wrong-with-free-trade
[6] https://www.cadtm.org/Agro-imperialism-in-the-time-of-Covid-19
APPEL INTERNATIONAL « ARTISTES POUR LA SOUVERAINETÉ ALIMENTAIRE »
6 AOÛT 2021 SOUVERAINETÉ ALIMENTAIRE [1]
_« L'art doit montrer au monde comment il change. Et aider à le changer.
»_ Ernst Fischer
(Harare, 18 juillet 2021) le 16 octobre 2021 prochain, la Via Campesina
lance un appel international _« ARTISTES POUR LA SOUVERAINETÉ
ALIMENTAIRE »,_ dans le cadre de la Journée internationale de lutte pour
la souveraineté alimentaire des peuples et contre les multinationales.
Ce que LVC entend par Appel international « Artistes pour la
souveraineté alimentaire » est que l'art et la communication populaire
sont des outils clés pour soutenir la résistance de la culture paysanne.
L'art fait partie de la construction de la souveraineté alimentaire et
contribue à faire avancer le débat d'idées et de projets dans les
territoires.
Cet appel international reprend la longue histoire des luttes et des
résistances des paysan⋅ne⋅s, des peuples traditionnels, des peuples
autochtones, des pêcheur⋅se⋅s, des pastoralistes, des sans-terre, des
femmes, des salarié⋅e⋅s agricoles, des migrant⋅e⋅s, des jeunes et des
personnes se reconnaissant pas la binarité des genres. Cet appel
s'enracine dans les les 25 années de construction de la souveraineté
alimentaire, qui ont contribué au renforcement d'un modèle de société
donnant la priorité à la vie.
_ "ARTISTES POUR LA SOUVERAINETÉ ALIMENTAIRE"_ veut réunir une
production large et diversifiée, de différents formats et supports
(musiques, clips vidéo, poésie, peintures, photographie, illustrations,
documentaires et podcasts etc). Nous voulons inciter à la production de
créations autour de plusieurs axes : 1. Illustrer/ documenter des
expériences concrètes de souveraineté alimentaire - Coopératives,
marchés paysans, semences, écoles, radios, etc. 2. Illustrer/
documenter les effets négatifs du manque de politiques publiques
favorables à la souveraineté alimentaire (par exemple difficile mise en
œuvre de la réforme agraire, accaparement des terres, changement
climatique, criminalisation des luttes) 3. Illustrer/ documenter les
différences entre le modèle agricole paysan et celui de l'agrobusiness,
4. Illustrer/ documenter l'urgence d'une nouvelle société fondée sur la
solidarité, l'internationalisme et la justice sociale.
L'art a toujours été présent dans la Culture et la production paysanne
d'aliments, depuis les chansons collectives au moment des semis ou des
récoltes, lors des rituels, des assemblées, des misticas. Le cheminement
de LVC, l'art, la communication et la mistica nous ont aidés à nous
organiser, à renforcer la résistance et à sensibiliser les consciences
en faveur de la souveraineté alimentaire.
En 2016, le groupe musical Che Sudaka a dédié la chanson "Cuando será"
[2] à La Via Campesina pour sa lutte en faveur de la Souveraineté
alimentaire.
"A toi qui cultives les champs
A toi qui cultives les rêves
A toi qui avec tes mains
Ramasse les aliments
Pour toi cette chanson
Afin de t'encourager
Que tu saches que tu n'es pas seul
Nombreux sont ceux et celles qui luttent en même temps "
De même, un nombre incalculable de militant⋅e⋅s, d'activistes, d'ami⋅e⋅s
et d'allié⋅e⋅s de LVC se sont inspiré⋅e⋅s de notre lutte et ont
transposé en peintures, poèmes et peintures murales, chants et diverses
autres formes d'expressions. L'année dernière, lors de la pandémie de la
COVID 19, Francisco Daniel, ami du Mouvement des Sans Terre, a peint la
principale image de notre campagne #IlEstTempsDeChanger. Vous pouvez
voir la vidéo [3] relatant le processus artistique de cette très belle
œuvre.
Nous souhaitons rassembler toutes ces belles expressions artistiques en
faveur de la souveraineté alimentaire et les partager avec vous dans une
EXPOSITION VIRTUELLE au cours du mois d'octobre 2021 dans le cadre de la
JOURNÉE INTERNATIONALE DE LUTTE POUR LA SOUVERAINETÉ ALIMENTAIRE DES
PEUPLES ET CONTRE LES MULTINATIONALES. Nous avons envisagé de rassembler
toutes ces œuvres entre août et septembre 2021.
Ces productions contribueront également à la diffusion, à la
communication et à la formation politique de La Via Campesina. Elles
participeront à l'effort collectif en vue d'un projet de transformation
et de libération, qui nous sortira de l'aliénation que les médias de
masse et les États nous imposent en faveur de l'agro-industrie.
Ce premier appel aux artistes portera sur le thème de la SOUVERAINETÉ
ALIMENTAIRE. Le texte ci-dessous peut servir de guide car il explicite
comment nous comprenons la souveraineté alimentaire au sein du
mouvement, et nous vous invitons à l'interpréter dans les formats et
supports de votre choix.
Pour ce faire, nous appelons les artistes et les militant⋅e⋅s du monde
entier à transformer notre indignation en musiques, poèmes,
documentaires et images inspirantes, tout en exposant l'urgence et
l'actualité de la souveraineté alimentaire face à la faim, au changement
climatique et à l'autoritarisme.
_SOUVERAINETÉ ALIMENTAIRE « __est le droit des peuples à une
alimentation saine, dans le respect des cultures, produite à l'aide de
méthodes durables et respectueuses de l'environnement, ainsi que leur
droit à définir leurs propres systèmes alimentaires et agricoles. Elle
place les producteur⋅rice⋅s, distributeur⋅rice⋅s et consommateur⋅rice⋅s
des aliments au cœur des systèmes et politiques alimentaires en lieu et
place des exigences des marchés et des multinationales. Elle défend les
intérêts et l'intégration de la prochaine génération. Elle représente
une stratégie de résistance et de démantèlement du commerce
entrepreneurial et du régime alimentaire actuel. Elle donne des
orientations pour que les systèmes alimentaires, agricoles, halieutiques
et d'élevage soient définis par les producteur⋅rice⋅s locaux. La
souveraineté alimentaire donne la priorité aux économies et aux marchés
locaux et nationaux et fait primer une agriculture paysanne et
familiale, une pêche traditionnelle, un élevage de pasteurs, ainsi
qu'une production, distribution et consommation alimentaires basées sur
la durabilité environnementale, sociale et économique. La souveraineté
alimentaire promeut un commerce transparent qui garantisse un revenu
juste à tous les peuples et les droits des consommateur⋅rice⋅s à
contrôler leurs aliments et leur alimentation. Elle garantit que les
droits d'utiliser et de gérer nos terres, territoires, eaux, semences,
bétail et biodiversité soient aux mains de ceux et celles qui produisent
les aliments. La souveraineté alimentaire implique de nouvelles
relations sociales, sans oppression et inégalités entres les hommes et
les femmes, les peuples, les groupes raciaux, les classes sociales et
les générations. »_
* INFORMATION : titre de l'œuvre, nom complet, pays, organisation
(optionnel), profil(s) des réseaux sociaux (optionnel).
* COULEUR : peu importe, mais il est recommandé de mettre l'accent sur
le vert afin d'avoir une unité visuelle entre les affiches.
* IDENTITÉ VISUELLE : incorporer le logo de La Via Campesina
* LANGUE : principalement en espagnol, anglais, français. Pour autant
les langues locales sont les bienvenues avec leur traduction respective
(Réduire le texte au minimum pour une meilleure accessibilité).
* FORMATS : Vidéo, audios, Word,jpg ou PDF, sans bords, fonds ou
filigranes.
* DATE LIMITE DE RÉCEPTION : 16 septembre 2021
* ENVOYER PAR COURRIEL. Veuillez envoyer le matériel sous le motif
"Appel aux Artistes pour la Souveraineté alimentaire " à l'adresse
lvcweb(a)viacampesina.org avec copie à Viviana.rojas(a)viacampesina.org
La Via Campesina en tant qu'organisation chargée de la collecte des
œuvres, prendra en charge la sélection et la conservation du matériel
recueilli. L'exposition dans la Galerie virtuelle sera hébergée sur le
site web de LVC et distribuée sous forme de catalogue numérique dans ses
listes, avec les crédits respectifs.
Les œuvres seront mises à la disposition de nos organisations membres,
ami⋅e⋅s et allié⋅e⋅s dans le cadre de notre action de sensibilisation et
de mobilisation en faveur de la souveraineté alimentaire. La Via
Campesina affirme que l'art, comme la terre, appartient à ceux et celles
qui la travaillent, à la classe ouvrière et aux peuples opprimés du
monde. Nous vous invitons en tant qu'artistes à cultiver la solidarité
et l'internationalisme comme une pratique réelle, créant de l'art
solidaire et au service des peuples et des luttes populaires. Comme Ze
Pinto le déclare, nous devons construire ces chemins alternatifs : [4]
_ "Aimer les champs, tout en semant,_
_Ne pas empoisonner les champs c'est purifier le sol._
_Aimer la terre et y planter des graines,_
_Les gens la cultivent et elle cultive les gens"._
Links:
------
[1]
https://viacampesina.org/fr/pour-quoi-nous-luttons/souverainete-alimentaire…
[2] https://www.youtube.com/watch?v=JwB0PXM8NMg
[3] https://vimeo.com/440087653
[4] https://www.youtube.com/watch?v=nqT4jjz9fDc
LA VIA CAMPESINA DÉNONCE LE RAID MILITAIRE ISRAELIEN CONTRE LE SIÈGE
SOCIAL DE L'UAWC
(Harare, Juillet 10, 2021) Par la présente, La Via Campesina tient à
condamner le raid israélien du 7 juillet contre son organisation membre,
l'Union of Agricultural Workers Committee (UAWC), ainsi que les dommages
infligés au siège social de l'organisation, qui fait désormais l'objet
d'un ordre de fermeture émis par les autorités militaires israéliennes
pour les six prochains mois. Nous dénonçons la persécution continuelle
de l'UAWC dans le but d'interrompre son travail. Le raid et l'ordre de
fermeture représentent une attaque particulièrement provocatrice contre
la souveraineté palestinienne, étant donné que les bureaux de l'UAWC se
trouvent en zone A de la Cisjordanie, qui relève de la compétence de
l'Autorité palestinienne.
Le raid et l'ordre de fermeture font partie d'une campagne bien financée
de diffamation et de définancement menée contre non seulement l'UAWC
mais toute la société civile palestinienne dans le but de neutraliser
toute forme d'organisation pacifique par le peuple palestinien. L'UAWC
est l'un des organisations les plus actives de la Palestine et, de
surcroît, chapeaute la lutte pour la souveraineté alimentaire et les
droits des paysannes et paysans dans la région Arabe/Afrique du Nord
(ArNa). Elle coordonne également le processus régional d'articulation
des mouvements paysans de La Via Campesina. Par le biais de son travail
dans les zones rurales de la Palestine, l'UAWC a fait de précieuses
contributions qui ont amélioré les conditions de vie pour des milliers
de paysan⋅ne⋅s, de pêcheur⋅se⋅s, de pastoralistes, et de travailleuses
et travailleurs agricoles. Suite aux récentes attaques militaires contre
Gaza en mai qui ont endommagé de nombreuses infrastructures, l'UAWC aide
les communautés affectées à rétablir leurs activités de subsistance.
Face aux succès de l'UAWC, des éléments israéliens ont lancé une
campagne soutenue et brutale de propagande contre cette organisation,
qui persiste à offrir, paisiblement et de plein droit, un appui agricole
aux paysan⋅ne⋅s palestinien⋅ne⋅s, surtout les résident⋅e⋅s de la zone C,
qui fait dorénavant l'objet d'un effort accru d'accaparement et
d'annexion des terres par des éléments israéliens.
Nous exhortons tous nos membres et leurs organisations alliées à
sensibiliser le public aux enjeux de la situation en Palestine, à élever
leurs voix pour dénoncer l'occupation israélienne des terres
palestiniennes et à exiger qu'un terme soit mis à la violence faite au
peuple palestinien.
Nous exhortons la communauté internationale et les organisations des
droits de la personne à exiger que les mesures nécessaires soient prises
afin de mettre un terme à la violence et à avancer vers la construction
de la paix.
En solidarité avec le peuple palestinien, nous appelons au renforcement
du mouvement BDS, dont le but est de contrecarrer l'affreuse politique
d'apartheid présentement appliquée à nos consœurs et confrères
palestiniens. La chose est urgente et ne peut plus attendre!
Impliquons-nous dans la campagne de boycottage, de désinvestissement et
de sanctions (BDS) [1] pour mettre fin à l'apartheid israélien et ses
crimes de guerre. Joignons-nous au mouvement BDS dès aujourd'hui [2]! Le
boycott est économique, académique et culturel [3].
La Via Campesina fait part de sa solidarité avec le peuple palestinien
et avec la résistance de ses organisations légitimes contre
l'oppresseur.
MONDIALISONS LA LUTTE! MONDIALISONS L'ESPOIR!
Links:
------
[1] https://bdsmovement.net/
[2] https://bdsmovement.net/get-involved
[3] https://bdsmovement.net/get-involved/join-a-bds-campaign
DÉCLARATION DE L'UAWC APRÈS LE RAID MILITAIRE ISRAÉLIEN SUR LE SIÈGE DE
L'ORGANISATION
10 JUILLET 2021 SOLIDARITÉ INTERNATIONALE [1]
9 juillet 2021
Le mercredi 7 juillet 2021, vers 3 heures du matin, les forces
d'occupation israéliennes ont fait une descente au siège de l'Union des
Comités de Travail Agricole (UAWC) à Ramallah/Al-Bireh, laissant
derrière elles un ordre militaire standard dictant la fermeture de notre
bureau principal pour 6 mois.
Lors de leur invasion, les forces d'occupation israéliennes ont démoli
notre porte d'entrée, semé le désordre dans le bureau et endommagé une
partie de notre mobilier (voir les photos et cette vidéo [2] postée sur
Twitter). En outre, elles ont volé cinq disques durs, un ordinateur
portable, un magnétoscope numérique et plusieurs livres et documents.
L'UAWC dénonce le raid israélien, les dommages causés à notre bureau et
l'ordre de fermeture militaire avec la plus grande fermeté. Cet ordre
est illégitime et de toute évidence motivé par des raisons politiques.
Il vise notre siège social dans le but de perturber l'ensemble de notre
organisation.
Le raid et l'ordre de fermeture représentent une attaque
particulièrement provocante contre la souveraineté palestinienne, compte
tenu du fait que notre siège est situé dans la zone A de la Cisjordanie,
qui est sous le contrôle total de l'Autorité palestinienne, à laquelle
nous répondons.
Nous avons déménagé dans un autre bureau, où nous poursuivons notre
travail avec une grande détermination afin de remplir nos obligations et
engagements envers des milliers d'agriculteurs palestiniens vulnérables
et leurs familles dans la Zone C.
Le raid israélien et l'ordre de fermeture ne peuvent être considérés
indépendamment de la campagne agressive de diffamation et de retrait du
financement menée par le gouvernement israélien et les organisations qui
lui sont affiliées, contre l'UAWC et la société civile palestinienne en
général. Des ONG internationales ont documenté [3] ces campagnes et
l'ONU les a reconnues [4] et dénoncées [5].
Plus spécifiquement, le raid israélien sur notre siège ne peut être
considéré indépendamment de l'enquête que le gouvernement néerlandais a
lancée l'année dernière sur l'UAWC, en réponse à la pression du
gouvernement israélien et des organisations qui lui sont affiliées.
Cette enquête a eu un effet catalyseur sur la campagne de diffamation et
de retrait de financement dont l'UAWC a fait l'objet [6] pendant des
années, pour perturber notre travail dans la zone C.
Bien que l'UAWC ait coopéré avec l'enquête néerlandaise, nous ne pouvons
ignorer qu'elle a déjà causé d'énormes dommages à notre organisation, à
nos partenaires et à nos bénéficiaires -- même si à ce jour elle n'a
toujours pas établi de faute ou de négligence de la part de l'UAWC.
Nous appelons nos partenaires et donateurs, et le gouvernement
néerlandais en particulier, à condamner le raid israélien et l'ordre de
fermeture contre l'UAWC et à faire pression sur les autorités
israéliennes pour qu'elles rétractent cet ordre, afin que nous puissions
rétablir notre capacité organisationnelle.
Il s'agit également de protéger la société civile palestinienne dans son
ensemble contre l'escalade des campagnes et des mesures israéliennes,
qui visent à consolider l'occupation et l'annexion de la Palestine par
Israël et à vaincre les Palestiniens dans leur lutte pour la liberté,
les droits de l'homme et la dignité.
À la suite du raid israélien sur notre siège social et à sa fermeture,
nous avons reçu d'innombrables appels et courriels de solidarité de la
part d'organisations de la société civile et de missions diplomatiques
locales et internationales.
Nous sommes très reconnaissants pour ces témoignages encourageants de
soutien à l'UAWC.
En outre, nous accueillons chaleureusement toutes les campagnes
internationales de solidarité et de collecte de fonds en faveur de
l'UAWC (Voir la campagne de collecte de fonds de La Via Campesina [7])
-- elles sont essentielles en ce moment critique.
Le siège de l'UAWC à Ramallah/Al-Bireh, après le raid militaire
israélien du 7 juillet 2021 vers 3 h du matin
--
Links:
------
[1]
https://viacampesina.org/fr/pour-quoi-nous-luttons/solidarite-international…
[2] https://twitter.com/RZabaneh/status/1412678967467913217
[3]
https://target-locked-obs-defenders.org/IMG/pdf/obs_palestine2021ang-1.pdf
[4]
https://www.ohchr.org/EN/NewsEvents/Pages/DisplayNews.aspx?NewsID=21279&…
[5]
https://www.ochaopt.org/content/humanitarian-operations-undermined-delegiti…
[6] https://www.972mag.com/palestinian-funding-uawc-israel-lobby/
[7]
https://viacampesina.org/fr/agissez-maintenant-pour-soutenir-les-paysan%e2%…
Umut Vedat, La Via Campesina
LGBTQIA+ PAYSANNES EN LUTTE : LIBÉRER LA TERRE, LIBÉRER LES CORPS
CONSTRUIRE DES PRATIQUES DE LIBÉRATION ET LUTTER CONTRE LA LGBTPHOBIE À
LA CAMPAGNE SONT DES PROCESSUS EN COURS CHEZ VIA CAMPESINA.
Par Capire
Lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres, _queers_ ¹, intersexes,
asexuels. Le 28 juin est la Journée internationale de la fierté
LGBTQIA+. La lutte LGBTQIA+ est diversifiée et répond à différents défis
à travers le monde. La lutte LGBTQIA+ paysanne, féministe et populaire
englobe et transcende la fierté de chaque personne pour sa propre
existence ; c'est l'action d'une volonté collective de se transformer
pour un monde sans les clôtures qui contrôlent la terre et sans celles
qui contrôlent les corps et les sexualités. Mais cette expérience de
lutte paysanne est souvent cachée dans des discours hégémoniques sur les
sujets LGBTQIA+, comme si c'était un agenda urbain et individuel. CAPIRE
a échangé avec Paula Gioia, Yeva Swart, Cony Oviedo et Alessandro
Mariano, membres de Via Campesina en Europe et en Amérique du Sud, sur
la participation et l'apport des personnes LGBTQIA+ à l'apprentissage
collectif au sein du mouvement paysan.
Paula Gioia est une apicultrice, migrante brésilienne en Allemagne,
membre de l'Association pour l'Agriculture Paysanne
(_Arbeitsgemeinschaft bäuerliche Landwirtschaft - _AbL) et représentante
de l'Europe au Comité International de Coordination de la Via Campesina.
Yeva Swart est néerlandaise, travaille comme éleveuse de moutons en
France et intègre Agriculteurs pour l'Avenir _(Toekomstboeren)_. Cony
Oviedo est éducatrice, communicatrice et poète, membre de la
Coordination Nationale de l'Organisation des Travailleuses Rurales et
Autochtones (CONAMURI) au Paraguay. Alessandro Mariano est éducateur et
intègre la Coordination du Collectif LGBT National du Mouvement des
Travailleurs Ruraux sans Terre (MST) au Brésil.
LA RÉALITÉ DES PAYSANNES LGBTQIA+
Dans le monde dans lequel nous vivons, assumer d'être un corps dissident
des normes, c'est souvent ressentir de la solitude. La binarité de genre
et le modèle de famille hétérosexuelle empêchent souvent l'expérience de
la diversité, et ce contrôle peut générer le silence, la violence, la
dépression et l'éloignement. Les médias et les secteurs religieux
promeuvent des stéréotypes empreints de préjugés, qui dictent ce qui «
ressemble » et ce qui « ne semble pas » être une personne LGBTQIA+. «
L'image est associée uniquement à quelqu'un qui aime s'amuser, et non à
une personne qui peut avoir de la discipline et un projet de vie »,
déclare Cony Oviedo.
> Quand ils découvrent que vous êtes lesbienne, ils disent : « on ne dirait pas »
Dans diverses parties du monde, les gens abandonnent les territoires
ruraux, en raison de la précarité du travail agricole salarié, des
conflits avec les mégaprojets destructeurs imposés par les grandes
entreprises et de la promesse d'une « vie meilleure » en ville. De plus,
la tradition familiale et le moralisme, qui existent également dans les
campagnes, sont des raisons qui poussent les paysannes LGBTQIA+ à
l'exode rural.
« Bien qu'il n'y ait pas, en Europe, le niveau de violence auquel les
personnes LGBT sont confrontées dans d'autres pays, souvent les zones
rurales ne sont toujours pas accueillantes pour les corps et les
sexualités dissidentes », dit Paula Gioia. « Il est important de
comprendre et de souligner qu'en n'ayant pas à vous soucier de cacher
qui vous êtes, quelle est votre sexualité et votre identité de genre,
vous pouvez contribuer beaucoup plus à notre lutte commune pour la
souveraineté alimentaire [1] ». Surtout après les difficultés
rencontrées pendant la pandémie, de nombreux jeunes sont prêts à
retourner à la campagne. L'organisation communautaire est une stratégie
possible pour revenir avec plus de force et de soutien mutuel. «
Construire et vivre en communauté est déjà, en soi, une manière _queer
_de vivre ensemble et de travailler collectivement. »
> Par peur de la stigmatisation, de nombreuses compagnes, compagnons et compaigns se cachent et ne disent que dans des espaces de confiance « Je suis lesbienne », « Je suis bisexuel »... Dans les communautés, il existe une culture qui se transmet de génération en génération. Nous devons promouvoir une transformation culturelle dans nos comportements et nos rôles et trouver des moyens de dénaturer ces commandements qui semblent justes. Cony Oviedo
_Laís Alann, MST, Brasil_
Bien que très invisible, le domaine est large et diversifié [2]. Les
peuples autochtones, les peuples des territoires ancestraux
afro-descendants, les peuples de la forêt et de l'eau, les
agricultrices, les pasteures, les pêcheuses, les apicultrices, les
travailleuses migrantes et saisonnières ont une diversité de modes de
vie et de vivre la sexualité. Dans les pays du sud, ces multiples
possibilités ont été et continuent d'être occultées par des
interventions coloniales, esclavagistes et impérialistes. « Comment la
violence qui a été imposée aux corps de nos ancêtres se poursuit-elle
encore aujourd'hui sur nos corps ? », demande Alessandro Mariano.
SOUVERAINETÉ ALIMENTAIRE ET LIBERTÉ D'ÊTRE ET D'AIMER COMME VOUS LE
SOUHAITEZ
Les LGBTQIA+ luttent pour pouvoir continuer à vivre à la campagne, à
résister àl'agro-industrie [3], à produire de la nourriture et à
entretenir des relations saines. » Entre capitalisme et patriarcat, ils
veulent nous dire que tout est divisé, que nous ne formons pas un tout
», dit Cony. Pour Via Campesina, ce ne sont pas des fronts différents,
et les séparer en « petites boîtes » est une fragmentation qui bloque la
transformation. La lutte paysanne, féministe, noire, autochtone,
migrante et LGBTQIA+ est une lutte intégrale pour la libération et
l'autodétermination des _territoires-corps_ et des
_territo__ires-terres_.
Il existe une relation directe de solidarité entre ceux qui produisent
des aliments et luttent pour la souveraineté alimentaire et les
personnes qui en ont le plus besoin. Pour Yeva Swart, « souvent, la
rhétorique autour des personnes LGBTQ est liée à l'amour, mais je pense
que cela va bien au-delà. Les luttes LGBT et la souveraineté alimentaire
ont aussi pour but de remettre en cause certains pouvoirs ». Paula
ajoute que « les problèmes auxquels nous sommes confrontés sont basés
sur le patriarcat et les relations de pouvoir, et non pas sur ce que la
nature offre ».
MST Brasil
LA LUTTE LGBTQIA+ EST FÉMINISTE ET ANTIPATRIARCHALE
Depuis de nombreuses années, Via Campesina a construit le féminisme
paysan et populaire [4] en tant qu'instrument de lutte et organisation
des femmes [5]. En Europe, le mouvement travaille également sur le
concept de féminisme _queer_ pour combattre le modèle binaire du
patriarcat. En faisant avancer le débat et les pratiques féministes
ancrées dans leurs territoires, les femmes du mouvement font face à la
violence, à la division sexuelle du travail et se placent comme
protagonistes de la souveraineté alimentaire, produisant des aliments,
préservant les semences et soutenant la vie.
Selon Cony Oviedo, « le féminisme paysan et populaire de la Via
Campesina est construit à partir des besoins des compagnes. C'est un
féminisme quotidien, qui lutte contre l'agro-industrie, les mines, les
entreprises extractives, et qui porte les drapeaux de l'agroécologie [6]
et de la souveraineté alimentaire ». « Nous vivons dans un monde
binaire, où les genres se chevauchent. La transsexualité rompt avec
cela, y compris par la non-binarité », ajoute Alessandro Mariano. La
diversité sexuelle et de genre ne consiste pas seulement à pouvoir aimer
qui l'on veut, mais aussi à pouvoir exister tel que l'on est :
transgenre, homosexuel, bisexuel et aussi intersexe et asexuel.
Les luttes des femmes et des personnes LGBTQIA+ sont dans la remise en
question du contrôle et de la violence du capitalisme raciste et
hétéropatriarchal sur les corps et les territoires. Ils se retrouvent
également dans le désir de transformation pour une société d'égalité et
de liberté.
> Le féminisme paysan mène une lutte active contre les préjugés intersectionnels auxquels on est confrontés aujourd'hui dans la société. L'essentiel est que les personnes LGBTQIA+ et les femmes remettent en question les rôles de genre et la division du travail qui est imposée Yeva Swart
La tâche des organisations populaires est de transformer radicalement la
société, ce qui comprend la construction de relations égales,
respectueuses et paritaires. Les espaces d'organisation peuvent alors
être des territoires exempts d'inégalité, d'exploitation et de
discrimination. « Dans la tradition historique de la lutte paysanne,
profondément ancrée dans l'idée de leadership masculin, il y a un
processus d'élargissement de cette lutte pour inclure les femmes et
toute cette diversité. Plus de femmes, de personnes trans, de
lesbiennes, de bisexuels », dit Alessandro à propos des défis de la Via
Campesina.
L'expérience en Europe montre également la nécessité de changer les
fondements des relations patriarcales. « Les rôles des hommes et des
femmes sur les champs sont souvent très stricts. Il existe de nombreuses
similitudes entre plusieurs pays européens, et la discussion que nous
avons lancée au sein de la Coordination Européenne de la Via Campesina
(ECVC) était importante pour réaliser et comprendre qu'aucune d'entre
nous n'est seule et, deuxièmement, pour commencer à développer des
stratégies pour nous renforcer et renforcer aussi nos contributions au
mouvement », a dit Paula.
Coordination Européenne de la Via Campesina (ECVC), 2018
PRATIQUES QUOTIDIENNES ET POPULAIRES DE LUTTE CONTRE LA LGBTPHOBIE
Vers 2015, différentes organisations de la Via Campesina ont commencé à
parler à propos de l'agenda et de l'organisation LGBTQIA+ [7]. Il a
fallu mobiliser du courage, mais aussi de la sensibilité pour ce
processus, compte tenu de la diversité culturelle, d'âge et de région
qu'embrasse la Via Campesina dans les 81 pays où elle opère.
En Europe, les discussions sur ces sujets ont commencé à l'Assemblée des
Femmes en 2015. Le sujet a été présenté à l'Assemblée générale, où les
discussions ont vraiment commencé à se développer. « L'une des
organisations membres, l'Union Paysanne Galicienne
[_Sindicato__Labrego__Galego_], a immédiatement adopté cet agenda dans
son travail, et comme ils le disent eux-mêmes « ils sont sortis du
placard en tant qu'organisation », raconte Paula. En 2017, la 7e
Conférence Internationale Via Campesina s'est tenue au Pays Basque, ce
qui a constitué un premier jalon pour la construction de la lutte
LGBTQIA+ au niveau international de l'organisation [8].
Paula explique que « la diversité des genres ne faisait pas partie de
l'ordre du jour officiel de la conférence, mais nous avons réussi à
préparer certaines actions à l'avance. Nous avons organisé une
exposition avec des images, des articles et des matériaux de différentes
régions. Les gens se promenaient dans la conférence avec des
autocollants et des broches avec le drapeau arc-en-ciel. Notre stratégie
était de commencer à introduire cet agenda dans le mouvement à doses
homéopathiques ».
Ce processus a conduit à la 1ère rencontre LGBTQIA+ de la Coordination
Européenne de la Via Campesina, tenue en 2018, dédiée à la construction
d'espaces pour la diversité sexuelle et de genre dans l'organisation
paysanne. Ce 28 juin, Via Campesina Europe profite de la Journée de la
Fierté LGBT pour lancer, en espagnol, en anglais et en français, la
publication _Embrasser la diversité rurale : genres et sexualités au
sein du mouvement paysan_ [9], qui rassemble des récits politiques de
militantes sur des expériences et réflexions personnelles et
collectives.
La graine du collectif LGBT de Via Campesina du Brésil [10] a été
plantée en 2015, lorsqu'un processus d'organisation de séminaires et de
réunions a commencé. Le collectif s'est formé effectivement en 2020,
avec la participation de dix organisations, des réunions mensuelles et
la production d'une synthèse organisée dans un livret [11].
Au Paraguay, CONAMURI a entamé un processus de construction collective
pour lutter contre la LGBTphobie en 2016, inspiré par l'expérience
brésilienne. La même année, le collectif _Aireana_, une organisation de
femmes lesbiennes paysannes, a proposé à CONAMURI d'organiser une
réunion LGBTI sans-terre au Paraguay. Puis, en 2017, CONAMURI a
également approché le collectif Panamby, des femmes trans qui font des
interventions artistiques. Les échanges et les activités ont été
fondamentaux pour que la Coordination nationale de la CONAMURI inscrive
ce sujet dans son ordre du jour.
Aujourd'hui, le militantisme des deux pays s'articule pour construire
une articulation régionale des LGBTQIA+ de la Via Campesina en Amérique
du Sud. Grâce à cela, les femmes LGBTQIA+ de la campagne se sentent
mieux accueillies par l'organisation, leurs existences n'étant plus
défendues individuellement, mais par l'ensemble du mouvement. En mai de
cette année, au Brésil, le MST a subi la perte de Lindolfo Kosmaski, un
homme gay, militant, paysan et enseignant, assassiné au sein de sa
communauté. Pour les militants, l'exécution de Lindolfo est le résultat
de la haine issue de l'avancée du conservatisme.
> Le patriarcat détruit, le capitalisme fait la guerre, le sang LGBTQIA+ est aussi le sang sans terre ! MST
Selon Yeva, parler de la diversité des sexes est un bon pari face à la
situation actuelle. « Il y a un droit croissant en Europe, et de
nombreuses lois contre les personnes LGBTQIA+ sont adoptées. Les gens se
battent contre le patriarcat et contre les idées religieuses, et aussi
sur les questions de genre et de sexualité. En raison de la situation
des femmes et des personnes LGBTQIA+, les mêmes problèmes se posent en
ce qui concerne les droits des populations paysannes, par exemple, en ce
qui concerne l'accès à la terre et à l'héritage. »
À propos de cette construction internationale, Paula rappelle que « Dans
certains pays où nous avons des membres, être homosexuel ou trans est
toujours une raison qui mène à la prison. Dans certains endroits,
l'interdiction est telle que des personnes sont tuées ». Par conséquent,
la lutte n'est pas homogène. L'attention portée aux spécificités de
chaque lieu est un atout pour l'organisation multiple et diverse des
paysans et paysannes LGBTQIA+, sujets politiques de la souveraineté
alimentaire. « C'est pourquoi il est très important pour nous de
construire des processus de débat régionaux solides. Une fois que nous
aurons conquis différents processus régionaux forts, nous serons en
mesure de les construire au niveau international. Nous travaillons dans
cette direction, et le travail de certaines régions peut servir
d'inspiration à d'autres. »
_Illustration de Manon Roland sur _«Embrasser la diversité rurale »_,
2021_
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¹ Le terme _queer _est issu de la langue anglaise et désigne, en
général, les corps et les sexualités qui ne s'identifient pas aux
modèles patriarcaux, binaires et hétéronormatifs.
Écrit par Helena Zelic et Bianca Pessoa
Traduit du portugais par Andréia Manfrin Alves
--
Links:
------
[1] https://capiremov.org/fr/tag/souverainete-alimentaire/
[2]
https://capiremov.org/fr/multimedia-fr/galerie/luttes-paysannes-et-souverai…
[3]
https://capiremov.org/fr/analyse/la-lutte-pour-la-souverainete-alimentaire-…
[4]
https://capiremov.org/fr/entrevue/pancha-rodriguez-la-souverainete-alimenta…
[5] https://capiremov.org/fr/analyse/feminisme-paysan-et-populaire/
[6]
https://capiremov.org/fr/multimedia-fr/video-fr/femmes-paysannes-cultivent-…
[7]
https://viacampesina.org/fr/la-diversite-des-genres-dans-le-mouvement-paysa…
[8]
https://viacampesina.org/fr/paysannes-de-via-campesina-initient-debat-diver…
[9] https://www.eurovia.org/fr/43053/
[10]
https://www.facebook.com/viacampesinaOFFICIAL/videos/543765863171822
[11]
https://www.cptnacional.org.br/attachments/article/5462/PDF_CARTILHA_LGBTI_…